Le Bal de Sceaux – Honoré de Balzac (1830)

A Sceaux, à quelques kilomètres au sud de Paris et non loin de Versailles, Colbert fit construire son château en 1670 dans un grand parc dessiné par le jardinier de Louis XIV, Le Nôtre. Pendant la Révolution, les Parisiens y venaient nombreux pour se divertir. En 1798, le Directoire décida de vendre le bien comme domaine national. Le château fut rasé ; du blé et de la luzerne furent semés en lieu et place du parc. La population locale ne voulant pas que Sceaux perde son agrément, une petite partie du parc fut réaménagée pour y organiser des bals. Le premier eut lieu de 20 mai 1799. Ce bal fut fréquenté pendant tout le XIXème siècle.


Le Bal de Sceaux
est l’un des tout premiers écrits de Balzac, paru en 1829. Il révisa légèrement son texte pour l’inclure dans La Comédie humaine en 1842.

Pendant la Restauration, l’ancienne aristocratie royale cherche à retrouver richesse et pouvoir. Monsieur de Fontaine, ancien Vendéen, avait toujours refusé les avances de Napoléon. Resté fidèle à la Royauté, il sait profiter, sous Louis XVIII, du pouvoir et de l’argent en étant nommé dans une « place fort lucrative dans l’administration du domaine extraordinaire de la Couronne. »  Car « comment concevoir une noblesse sans privilège, c’est un manche sans outil ».  Il lui reste une fille à marier, Emilie de Fontaine, adulée par son père. A dix-neuf ans, elle a toujours vécu dans le luxe mais, « sans avoir faire de choix parmi les nombreux jeunes gens dont la politique de M. de Fontaine peuplait ses fêtes ». Émilie éblouit tout le monde par sa beauté, son esprit et ses dons pour tous les arts qu’une jeune fille de son rang devait connaître. Son ambition : se marier avec un Pair de France.
Au bal de Sceaux où elle vient « pour faire peuple », son regard fut tout à coup saisi « par une figure qui semblait avoir été mise exprès dans un coin du tableau, sous le plus beau jour, comme un personnage hors de toute proportion avec le reste ». Émilie et Maximilien finissent par se parler, se plaire l’un à l’autre, se promettre de se marier. Mais Maximilien est-il Pair de France ?

Ce texte court illustre le conflit entre « le monde d’avant » et « le monde d’après », pour reprendre une terminologie à la mode en ce début du XXIème siècle.  « Le monde d’avant », c’est le retour du pouvoir légitimiste qui tente de rétablir, en l’aménageant, le fonctionnement de la Royauté, ce monde dont Émilie et sa famille restent prisonniers. « Le monde d’après » est incarné par Maximilien, son caractère et ses activités, prémisses de la révolution marchande et industrielle qui va s’épanouir au XIXème siècle, en bâtissant des fortunes colossales.

Même si, quand il a écrit « Le Bal de Sceaux », Balzac n’avait pas encore donné à son ambition littéraire le nom de « Comédie humaine », il en dessine déjà les contours en décrivant minutieusement les comportements humains. Dans une note polémique ajoutée à la fin du roman, Balzac défend son approche littéraire : « (…) l’auteur croit fermement que les détails seuls constitueront désormais le mérite des ouvrages improprement appelés Roman ». Ces détails qui donnent vie, qui racontent la vie, qui la dévoilent …

Ce texte court donne envie de (re)lire Balzac, « Les Illusions perdues », « Eugénie Grandet », « La cousine Bette » et tant d’autres …

Honoré de Balzac

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