Tout au long de la lecture de ce livre, j’ai gardé le souvenir de cette séance de signatures récemment organisée par l’excellente Librairie du Renard à Paimpol. Cette séance était précédée d’un échange entre l’auteur et le public dont une grande partie était directement concernée par ce livre, car composée des descendants des célébrités scientifiques qui ont longtemps passé leurs vacances d’été sur la presqu’île de l’Arcouest, en face de la très visitée Ile de Bréhat. Le débat avait été houleux, celles et ceux de la famille reprochant à l’auteur de rendre implicitement responsables leurs ascendants de l’utilisation militaire de l’énergie qu’ils avaient largement contribuée à découvrir durant la première moitié du XXème siècle.
Ce livre, écrit de façon très journalistique, commence et finit sur l’évocation de l’aviateur américain Paul W. Tibbets dont les cendres, dérivant dans la Manche où elles avaient été dispersées coté anglais, allaient rejoindre l’Arcouest. Cette suggestion littérairement intéressante, conduit à surplomber tout ce récit par la bombe larguée à Hiroshima par Tibbest qui était le commandant du bombardier la première bombe atomique, tuant instantanément 80 000 personnes. Avec cette boucle fermée – et une couverture un rien racoleuse allant dans le même sens – on comprend que les descendants de ces découvreurs de l’énergie nucléaire se sentent cernés… D’ailleurs l’auteur affirme dans les premières pages du livre qu’« il n’est toutefois pas impossible de tirer des leçons de l’histoire en la regardant de biais et dans ces marges, et ceci l’aventure de la colonie de l’Arcouest le permet, pour autant qu’on évite de l’interroger trop frontalement. ».
Cela tourne à l’obsession pour l’auteur : en décrivant le magnifique paysage visible depuis la pointe de l’Arcouest, il affirme que « moi-même, à jeun pourtant, j’y verrai un jour un grand champignon s’élever d’une mer devenue violette ». Au sujet de Charles Seignobos et de Jean Perrin, les deux premiers patriarches de l’Arcouest, il évoque des « ondes impalpables » dont « un instant perdus dans leur contemplation de la baie (ils) sont irradiés sans le savoir : quelque chose pénètre en eux dont ils ignorent la nature mais qui les attire vers le grand néant de l’horizon, vers son blanc laiteux où s’éloignent les fantômes d’hier et s’approchant des spectres de demain. ». La presqu’ile de l’Arcouest serait-elle une pile atomique ?
Dans le même temps, l’auteur décrit avec beaucoup de détails la vie de ce groupe hors du commun, surtout entre les deux guerres mondiales, au moment où pleuvent les Prix Nobel pour une partie d’entre elles et eux. On sent la discipline, le gout de l’effort, le poids de la communauté. Cela me rappelle l’émission diffusée sur France Culture il y a plus de dix ans où Olivier Pagès, l’un des descendants de cette collectivité (et dont le témoignage a été recueilli par l’auteur) évoquait la discipline de fer qui régnait dans Les années Trente pour l’organisation des loisirs essentiellement marins de tout ce distingué aréopage progressiste. Clairement engagé en faveur du Front populaire de 1936, il vivait, par ailleurs, « sans beaucoup de contacts avec la population locale en dehors des employées de maison, des patronnes de deux épiceries du hameau et des marins qui se sont succédés sur l’Eglantine. ». Cette société ouverte intellectuellement sur le monde reste centrée sur elle-même en restant fortement endogame,
En parallèle, est évoquée la course scientifique et technologique que se livre la plupart de pays industrialisés de l’époque, Japon compris. La promesse d’un tel déferlement de puissance les rend tous fébriles, Français compris, d’autant qu’une majeure partie de découvertes fondamentales viennent de France, on pourrait presque dire de l’Arcouest. Pour quel usage ? La paix, peut-être, mais le temps est à la guerre… S’en suit la description des processus qui vont amener les belligérants, au départ, chacun à leur rythme (les Américains ne s’y mettront qu’après Pearl Harbor) à accélérer leurs recherches pour des raisons évidemment militaires. « Les événements qui se succèdent dans le monde et les labos semblent tellement ahurissants, et l’avenir tellement imprévisible, qu’il devait être difficile d’adopter un comportement rationnel, j’imagine. Pas aisé non plus de distinguer le moral de l’amoral quand on ne sait s’il faut armer la science pour se défendre ou attaquer » Est-ce ainsi que la question se posait en pleine guerre ?
Après le 6 août 1945, Frédéric Jolliot écrira : « Personnellement, je suis convaincu que, en dépit des sentiments provoqués par l’application à des fins destructrices de l’énergie nucléaire, celle-ci rendra aux hommes dans la paix des services inestimables. ». Deux jours plus tard, Albert Camus écrivait : « (…) la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. ». La foi dans la science de plus en plus puissante qui pouvait être facteur de progrès est profondément remise en question.
Rabelais l’avait dit au XVIème siècle « Science dans conscience n’est que ruine de l’âme ». Comment va l’âme du monde depuis le 6 août 1945 ?

Bonjour, Sur « la Presse d’Armor » avais été interpelée par 1 article mentionnant le livre sur « les pêcheurs d’Islande », écrit par Fçois CHAPPE, que j’ai connu durant ma carrière à la Préfecture de St-BRIEUC et à la Direction du SDIS. Fçois est venu travailler à la Protection Civile, fut 1 temps, et le Colonel chapeautait le tout : « la Sécurité Civile » pour un certain temps. Ai rencontré FANNY récemment, sur le marché de PAIMPOL (sa maman fut ma prof de Fçais dans le Privé à PLOUHA). Suis donc partie acheter son livre dans 1 librairie de PAIMPOL, et en parlant, ai fait part au libraire que ma famille venait de PLOUBAZ, l’ARCOUEST, PORS EVEN… (ma tante, qui avait sa maison au-dessus de la Baie de Launay, s’est occupée des enfants des JOLIOT-CURIE à PARIS ; elle avait 15 ans, et a rencontré Marie CURIE aussi. Elle a eu la charge des enfants LAPICQUE, PERRIN et JOLIOT, pour les emmener à l’école etc… Ai 1 vieil article de la Presse d’Armor, suite à 1 interview sur leur parcours… ; ils sont DCD maintenant, mais leur fils unique a sa maison secondaire pas très loin). Mon grand-père a effectué 13 campagnes d’Islande ; il était aussi sur la goëlette « l’Eglantine » ; mon père était mousse sur ce bateau aussi (ai 1 photo de lui avec son béret de marin où est inscrit l’Eglantine…). 1 de mes tantes, fille d’Islandais (97 ans), est actuellement revenue de PARIS pour la maison de repos sur PACE près de RENNES. Demain nous allons lui rendre visite, et je vais lui poser qq questions. Je ne sais pas pourquoi, mais depuis votre livre, j’ai envie d’en savoir davantage sur ma Famille… Cette tante a aussi habité rue Froidevaux à Paris. Lorsque le PDT POMPIDOU est venu en vacances en Bretagne en 1969, c’est mon oncle, Fçois LE ROUSSEAU qui l’a promené en bateau, car ces marins connaissaient tous les rochers aux alentours de BREHAT… Francis PERRIN, papa le rencontrait à PAIMPOL, en « jean troué » comme pour ne pas être reconnu, et ce dernier lui disait : alors Jean, vous allez
bien ? (quant à 1 certaine Marie CAOUS, j’ai 1 tante qui s’appelait ainsi, et qui habitait une maison, juste avant l’hôtel, et avant la gde côte de Pors-Even).
Donc, pour tout vous dire J’AIMERAIS BIEN VOUS RENCONTRER !
A bientôt !
FRANCOISE LE ROUSSEAU
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