Jeudi, vu Sparrow, film du prolifique réalisateur hongkongais Johnnie To, dont je suis la carrière depuis 2000 avec The Mission. Il est un des réprésentants les plus emblématiques de la troisième vague du cinéma hongkongais, après celles incarnées par Bruce Lee puis par John Woo.
J’avais été éberlué par une scène de fusillades dans un centre commercial de Hongkong, réglée comme un jeu de pantomines, juste l’espace qui s’organise, les regards qui se croisent et s’évitent, sans coups de feu pendant de longues minutes avant une fusillade frénétique. Et j’avais été séduit par sa manière de filmer Hongkong sans aucune concession au pittoresque touristique, le Hongkong quotidien avec ses petits gargottes, ses immeubles sans grâce, ses rues bondées, ses nuits pas toujours illuminées, ni multicolores. The Mission réussissait à renouveler un genre qu’on pouvait croire éculé avec une brillante stylisation, dans un Hongkong très quotidien et populaire.
Dans Sparrow, Johnnie To reste toujours dans le genre du policier mais, cette fois-ci, sans aucun coup de feu alors que la virtuosité de ses scènes de fusillades sont en grande partie à l’origine de sa notoriété internationale. L’intrigue, comme toujours assez mince, tourne autour d’une femme fatale. C’est traité avec dérision, légéreté et drôlerie. Tout n’est que jeu sophistiqué, quasi chorégraphique. La scène la plus marquante est la traversée d’un passage piéton sous des parapluies qui abritent deux bandes rivales qui vont régler leur compte, sans coup férir…
On retrouve aussi la même évocation de l’ambiance du Hongkong populaire, dans le quartier de Sheung Wan que je connais un peu pour y avoir résidé quelques semaines. Par ses scènes plongées dans la réalité très prosaïque mais traitées d’une façon poétique, Johnnie To fait une belle déclaration d’amour à sa ville.
On dit souvent que Paris et New-York sont les villes les plus cinégéniques du monde : j’ajouterais volontiers Hongkong.
Mais, là encore, seul le regard compte.