Il s’agit d’une biographie d’Evariste Galois, destin aussi unique que tragique d’un homme mort à vingt ans dans un duel. Il avait révolutionné les mathématiques de son époque, au début du XIXème siècle. Ses parents ne s’étaient pas trompés, comme le précise l’auteur, en le prénommant Evariste, du grec « aristos », le meilleur. « Tout est déjà écrit ».
Ce n’est pas la première biographie d’Evariste Galois : on imagine bien qu’un tel destin encore plus météorique que celui de Rimbaud ait pu inspirer quelques biographes. François-Henri Désérable, à peine plus âgé que son sujet, s’y engage avec un brio sans relâche, apostrophant une « mademoiselle » qu’il imagine en lectrice attentive ; et aussi les différentes personnes qui ont rencontré Evariste, pour quelques raisons que ce soient. Intervient aussi « Le Vieux » qui n’est autre que Dieu ; la « Montagne », la montagne Sainte Géneviève qui rassemble à Paris les lycées prestigieux et les grandes écoles scientifiques. Et toute cette période troublée de l’histoire de France, celle de la Restauration qui s’écroule sous les coups de la Révolution de Juillet. Evariste croise, de façon fugace, des futures célébrités à titres divers, Raspail, Nerval, Dumas et d’autres. Il échappe à l’épidémie de choléra qui terrorise Paris en 1832.
Il rate l’entrée à Polytechnique, se rabat sur Normale Sup, jugée inférieure à cette époque. Et résout seul une question mathématique que je suis incapable de vous résumer. Qu’importe, ce livre n’est pas un livre de maths, c’est le livre d’un destin à la façon d’Achille, au sommet, frappé en plein cœur. Sauf qu’Achille était déjà célèbre. Que se serait-il passé si Evaristel n’avait pas rédigé, la nuit précédant le duel fatal, l’essentiel de ses découvertes mathématiques comme s’il savait son destin inévitablement tronqué ?
Le lendemain, par un matin blême de 1832, ce cerveau génial, ce militant politique engagé est tué d’un coup de pistolet, pour une banale histoire sentimentale qui se règle, à cette époque, par un duel
L’écriture de François-Henri Désérable est originale, brillantissime, trop parfois qu’elle en vient à cacher l’objet du livre, comme si l’auteur se voyait comme un reflet du génie d’Evariste. Cela peut agacer. Je l’ai été parfois, un peu exaspéré par cette posture quelque peu boursouflée. Mais comment ne pas se laisser entrainer par ce souffle romantique et ultra-moderne en même temps …

tu me laisses sur ma faim! pas un mot sur la théorie des groupes? 🙂
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Tu es mieux placé que moi pour en parler … 😉
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