Vivre vite – Philippe Besson (Julliard)

Vivre viteOn le reconnait au premier coup d’œil, sur la couverture, James Dean et son visage d’ange planant qui laisse passer le bleu tranchant de ses yeux en interstices. Avec Vivre vite, Philippe Besson écrit la biographie de cet éclair si vite passé dont l’éclat ne s’éteint pas.

Le mode narratif de Besson est astucieux : il donne la parole, en toute imagination, à toutes les personnes qui ont traversé la vie de Jimmy. Morceau par morceau, rencontre après rencontre, y compris avec celles et ceux qui sont morts avant, comme sa mère, il assemble un puzzle qui narre une vie que l’on croit connaitre tellement elle a été courte. A-t-on déjà trop parlé de James Dean ? Tout avait-il déjà été dit ? Y compris son attirance pour les garçons ? Oui, rien de vraiment nouveau dans les faits, les étapes, la fin de cette légende du cinéma américain.

Et pourtant ce livre vaut d’être lu. Si la plupart des évènements sont déjà connus, se dresse un portrait tout en complexité d’une star qui ne se limite pas à son visage si beau qu’il fait flamber les projecteurs, grossir le portefeuille des producteurs et battre le cœur des femmes et des hommes. Grâce au procédé narratif développé par l’auteur qui multiplie les points de vue, les perspectives entre le petit gars de Marion (Indiana), le fou surdoué de théâtre, le bagarreur au regard assassin, le renfrogné qui baisse sa tête derrière ses lunettes de myope et l’étoile filante d’Hollywood, on croit mieux comprendre ce mélange explosif d’intense mélancolie et de folie de vitesse. Ce mélange contradictoire entre la certitude de son génie et ses doutes toujours intarissables. Ce mélange d’enfant tôt orphelin jamais vraiment grandi et d’homme arrachant sa vie sans mesure. Cet homme que l’on aimait « parce qu’il était beau, qu’il avait vingt ans, et qu’on était condamné à perdre. » (page 129)

Star parmi les stars, James Dean a vécu parmi les étoiles. On croise Marlon Brando, son modèle dont il admire « la féminité brutale », Natalie Wood, la copine sympa, Liz Taylor, la protectrice, Montgomery Clift, autre étoile inaccessible. La traversée en petites touches de l’Amérique conservatrice du Midwest, du Chicago ennuyeux et du New-York radieux, ramène James Dean à la « Cité des anges » où une étoile peut s’écraser si vite…

Philippe Besson (photo Paris-Match)
Philippe Besson (photo Paris-Match)

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