Évidemment, on n’ouvre pas ce livre avec plaisir puisque l’on sait d’avance de quoi il s’agit : les proies sexuelles de Kadhafi, prédateur impitoyable. Je m’étais même posé la question de savoir pourquoi je voulais le lire en scrutant dans les coins les plus sombres de ma curiosité quelques bribes de voyeurisme. J’ai vaguement trouvé un stratagème pour jauger mon besoin réel d’ouvrir le livre d’Annick Cojean : lire auparavant Lybian Exodus, de Tito Topin, créateur de la série télévisée Navarro.
Lybian Exodus n’est pas un roman à l’eau de rose, mais un roman noir se déroulant au moment de l’intervention française en Libye pour chasser Kadhafi du pouvoir. C’est une équipée de huit personnes qui n’ont rien à faire ensemble sinon fuir en traversant le désert pour rejoindre la Tunisie en essayant d’éviter les insurgés, les mercenaires du pouvoir et les frappes aériennes françaises… Au-delà de l’intrigue, la guerre est décrite rapidement sur de nombreux aspects, y compris les plus terribles. Le livre respecte les codes du genre « roman noir », mélange de suspense, de frayeur, d’opposition de caractères, de romance, avec la mort omniprésente. Tout va vite et est servi par une écriture très rapide, très cinématographique. Un seul des personnages sur les huit va parvenir à franchir la frontière. Roman très réussi.
[Photo 20minutes]
La ténacité et le culot d’Annick Cojean sont exemplaires. Un journaliste homme aurait-il pu faire une telle enquête ? A supposer qu’il en aurait eu l’idée (ce qui n’est pas sûr), jamais il n’aurait pu recueillir de tels témoignages. A quel homme Soraya aurait-elle pu confier toute sa souffrance ?
