Vie et destin de Célestin Arepo – Jérôme Millon (La fosse aux lions)

Vie et destin de Célestin ArepoCélestin Arepo est un homme « sans personnalité ». C’est du moins ce qu’il dit dès la première page. Comme son père, mort au champ d’honneur à Verdun, il est comptable dans une usine de roulements à billes. Soigneux, lisse, besogneux. A côté des chiffres de son travail, il aime les mots, croisés ou non. L’expression « Le vent souffle » le réjouit car « la sonorité de ce phrasé scellait à jamais la complicité du dit et du fait. » (page 11). Vie monotone et appliquée. Une femme a croisé son chemin, pas longtemps. Son seul ami est Mathieu, gardien du cimetière Montmartre où Célestin, prévoyant, était venu choisir l’emplacement de sa future tombe. Un dimanche, Célestin l’accompagne à la pêche dont c’est la passion. Il observe les nuages, leur ballet, l’orage encore lointain. Il jouit du plaisir de ces rêveries, libérant le flot de son imagination jusque là, bridée.

L’attitude de Célestin change. Mieux que regarder sa vie, il l’imagine. Il abandonne les mots croisés pour la poésie. Il a pris gout à la bonne cuisine dont il va chercher les ingrédients sur les marchés. Il rencontre Rose, serveuse dans un café. Ils jouent ensemble avec les mots. Il l’invite à dîner. Bon repas, longues discussions. En partant, Rose regarde un crucifix et demande « Etes-vous croyant ? ». Célestin ne lui répond pas, ne sait pas quoi répondre. Il parle à Mathieu de son désarroi. Ils vont ensemble voir un prêtre…

A vous de découvrir la suite de ce petit livre étonnant, qui n’a rien d’un livre sur la religion mais passe d’étape et étape avec comme seule cohérence, celle de n’apporter aucune réponse définitive aux questions qui cheminent le long de la vie. Pas de tragédie, juste des rencontres, des admirations, et surtout les mots, ceux que son imagination tresse, ceux que ses lectures lui donnent, ceux que ses proches lui proposent. Est-ce pour ça que sur sa tombe, il sera écrit : « Ci-gît, Célestin Arepo, Homme au céleste destin »?

Avec ce beau livre, dont l’écriture est d’une délicate simplicité, Jérôme Millon chante une ode à l’humilité, à la sincérité, au doute. Pas de destin fabuleux, juste un regard qui contemple les nuages, les gens, le temps… Et le nombre 212, allant de l’insignifiance à la discrétion, « maillon indispensable dans la chaîne de l’infini. »

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