Aujourd’hui, le Tour de France repart, pour la centième fois. Il y a quelques jours, France 2 diffusait une longue rétrospective sur ces 100 boucles légendaires à tous points de vue. J’ai regardé cette émission presque malgré moi : cela fait si longtemps que le Tour de France ne m’intéresse plus comme je l’explique en fin de ce billet. Mais j’ai été surpris combien elle dévoilait et mettait en perspective les errements et les turpitudes qui ont parsemé l’histoire du Tour alors qu’elle avait tout l’air d’une émission promotionnelle d’autant qu’elle était produite par le journal L’Equipe.
Question dopage, on en savait déjà un peu depuis les scandales qui ont commencé à éclater il y a presque 20 ans, avec l’affaire Festina. Le rétroprojecteur braqué sur les années antérieures montrait crûment que le dopage a été le compagnon de toujours du Tour de France. Et j’ai toujours du mal à penser que les années futures seront beaucoup plus saines, vu l’argent qui coule à flot dans ce qui est le fleuron du sport national. Ce brave Voeckler a du mal à me convaincre que tout soit clean à présent.
Ce documentaire montrait d’autre aspects peu ragoutants : le trucage des courses avec, à la manœuvre, l’irremplaçable Bernard Tapie (carambolage avec l’actualité brûlante…). La violence des accidents, celui de Tom Simpson bien sûr, mais aussi le crâne saignant et brisé de Fabio Casartelli, le chef jardinier du Parc des Princes percuté par Darrigade et qui en est mort dans l’indifférence générale… Le comportement chauvin du public français qui frappe Eddy Mercks au ventre… Et notre Poupou national, icône de la France qui perd ou celle de la France propre…
Maintenant, la seule justification de Tour serait-elle de devenir un puissant outil de promotion de la beauté de nos villes et nos campagnes, ce qui explique les moyens dégagés pour la production de ces belles images censées faire le tour du monde ?
Je ne peux pas m’empêcher de me rappeler combien j’avais été passionné par le Tour de France quand j’étais gamin. Avec mon frère, nous suivions la course très soigneusement d’autant que nous avions déjà la télévision. Nous avions chacun notre favori : il supportait l’Espagnol Federico Bahamontes qui a gagné en 1959 et moi, le Luxembourgeois, Charly Gaul, vainqueur l’année précédente. C’était la seule période de l’année où nous avions le droit d’acheter L’Equipe. Une année, à Chaumont (Haute-Marne), saoulés par le cagnard et le vacarme agressif des caravanes publicitaires, nous avons attendu pendant deux heures le passage en
trombe du peloton groupé dans lequel il était parfaitement impossible de distinguer qui que ce soit à part le Maillot jaune… et encore ! Au fond de moi-même, j’étais un peu déçu mais l’image et le bruissement du peloton sur le macadam sont restés gravés dans ma mémoire.
Progressivement, à partir de l’adolescence, le Tour de France est devenu synonyme d’ennui. Cela se passait pendant l’été, période où mes copains étaient tous partis dans leur maison de famille et où je restais seul. Je regardais le Tour par désœuvrement. Et je prenais mon vélo pour rejoindre benoitement la grande tranchée sur laquelle a été construite, bien plus tard, les voies du TGV Atlantique.
Le pompon a été dans le début des années 70 où j’étais en stage dans une ferme proche de Vitry-le-François (Marne) : c’était un 14 Juillet. Il n’y avait rien à faire. Mon patron de stage et sa famille étaient partis. Resté seul dans la ferme et ne trouvant rien à faire d’autre, j’écoutais à la radio le reportage en direct d’une étape de montagne (L’Alpe d’Huez ?). Cela ne m’intéressait plus du tout.
Je me suis juré ce jour-là de ne plus jamais suivre le Tour de France. Promesse quasi tenue…