Curieux livre, ce « Messie du peuple chauve » (Gallimard) d’Augustin Guilbert Billetdoux. L’idée n’est pas drôle en elle-même : Bastien Bentejac, 26 ans, découvre qu’il sera bientôt chauve. Aucun remède, aucun espoir d’éviter la relégation dans sa vie sociale, sa vie sentimentale… Il s’enferme chez lui et partage sur Internet la souffrance souvent muette d’autres jeunes alopéciques. Il décide, alors, de plaider leur cause, sa cause, de mettre au grand jour leur triste sort et, surtout, de demander qu’un effort gigantesque soit accompli pour découvrir un remède à l’aune de tous les progrès médicaux et scientifiques de ces cinquante dernières années. Pour ce faire, il veut frapper un grand coup médiatique lors d’un sommet sur le réchauffement climatique en Inde… Le ton choisi par l’auteur rend ces cent premières pages, virtuoses, drolatiques, émouvantes, cela donne un vrai roman émaillé de réflexions iconoclastes sur l’époque actuelle. Un régal !
Bastien arrive à ce congrès. S’en suit une description précise des débats et des négociations, des coups fourrés, des petites trahisons et des grandes lassitudes durant ce congrès. L’auteur, Augustin Guilbert-Billetdoux, est spécialisé dans les questions environnementales et les négociations sur le climat et connait de l’intérieur le déroulement de ces congrès qui doivent régulièrement sauver le monde. il a suivi de près celui de Copenhague en 2009, qui s’est soldé par un échec quasi complet. C’est raconté toujours sur le ton de l’humour et d’un certain détachement, De romanesque, le livre devient journalistique. Sa description n’en est que plus crédible.
Puis vient le coup d’éclat, lors de la session finale où l’ancien vice Président des Etats-Unis, Arnold Gere (!), doit conclure le congrès en appelant à l’engagement de tout le monde pour limiter le réchauffement climatique. Bastien surgit sur la scène, éclipse le malheureux orateur et appelle à un grand rassemblement des chauves du congrès. Cela provoque une désorganisation totale. On retrouve, là, le burlesque de la première partie, l’imagination débordante de l’auteur…
Avec « Le Messie du peuple chauve » , j’ai lu deux livres en un. Cela nuit un peu à la cohérence du récit. Mais l’écriture déchaînée de l’auteur rend ce « Paris-Brest » tout à fait digeste et agréable à lire. Je me suis bien amusé !
Plus sérieusement, la 4ème page, et l’auteur lui-même dans la vidéo ci-dessous, suggère une réflexion sur la folie : »celui qui réussit est un génie, celui qui échoue est un fou. »
Ah bon …!