Une Coréenne et un Suédois dans une abbaye bretonne

Ce vendredi 20 juillet, alors que l’été n’en finit pas de se faire attendre, ambiance très chaude dans une des salles en ogive de la très belle abbaye de Beauport, à proximité de Paimpol (Côtes d’Armor). Salle comble et standing ovation à la fin du récital de la chanteuse de jazz coréenne Youn Sun Nah, en dialogue continu avec le guitariste suédois Ulf Wakenius. C’est lui qui est apparu le premier sur scène, homme massif et carré, qu’on verrait bien en bûcheron dans les froides forêts suédoises, Il commence seul, simplement, avec un son mat, presque sans écho. Progressivement, sa musique devient plus ample jusqu’à devenir presque symphonique tellement on pourrait croire qu’il y a plusieurs guitares en résonance les unes avec les autres. Public incrédule au départ, enthousiaste à l’arrivée.

Youn Sun Nah arrive sur scène, mince et décidée. Elle se présente rapidement dans un souffle de voix dont on peut vraiment se demander si trois notes de musique peuvent en sortir clairement. Et commence le récital ! Un vrai feu d’artifice, un répertoire allant de standards de comédie musicale américaine, Favorite Things de la célèbre Mélodie du bonheur, juste fredonnée sur un simple accompagnement  d’une modeste kalimba, ou piano à pouces, instrument typiquement africain, à un morceau-culte Heavy Metal de Metallica, Enter Sandman où la voix de la chanteuse repousse les extrêmes, en passant par un chant traditionnel coréen, Kangwondo Arirang, tout en modulations ou bien le célébrissime Avec le Temps de Léo Ferré au terme duquel le public n’osa à peine applaudir, submergé par l’émotion. D’autres morceaux donnaient une place plus grande au guitariste comme dans Breakfast in Baghdad, où le stupéfiant accord de la voix et de l’instrument ne faisait qu’un seul et même corps.

En s’appuyant sur une technique élaborée extrêmement maîtrisée, une voix aux possibilités qui semblent infinies (parfois je me demandais si elle n’allait pas se briser d’un coup tellement elle la lançait vers les extrêmes), Youn Sun Nah forme avec Ulf Wakenius un duo totalement en symbiose l’un avec l’autre, dont la précision technique n’est jamais prise en défaut et dont l’harmonie artistique est totale, bien que bâtie sur leurs différences.

Y avait-il deux musiciens sur scène ? Il y avait bien davantage. Ces deux artistes surdoués offraient une promenade passionnante dans des univers variés et inattendus au travers de genres musicaux revisités avec une imagination et un talent rares.

C’était pour moi très jubilatoire de vivre ce moment artistique exceptionnel rassemblant un Coréenne et un Suédois dans un abbaye bretonne devant un public local ou de vacanciers français ou anglais…
Si c’est ça, la mondialisation, je suis preneur !

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