Itinéraire d’un amateur de foot à la traîne

En 61 ans, j’ai vu, en tout et pour tout, 5 matchs de football plus ou moins bien assis dans un stade. En rugby, bien davantage d’autant que j’ai pratiqué ce sport plusieurs années en scolaire et en universitaire. Il est donc clair que le football n’est pas ma première passion.

Le premier match, c’était en 1958, au stade de Colombes, qui était alors le plus grand stade de football de la région parisienne. Sur la pelouse,il y avait l’équipe du Stade de Reims, le club vedette des années 50, avec Just Fontaine et Roger Piantoni – qui avait remplacé Raymond Kopa parti rejoindre le Real de Madrid-. L’autre équipe ? Lens, je crois mais je n’en suis pas certain. En fait, je n’ai pas de souvenirs très précis de ce match, sauf la fierté de voir des grands joueurs qui, de plus, faisaient partie de l’Equipe de France parvenue à la surprise générale à la 3ème place de la Coupe du Monde en 1958.

Ensuite, je ne me suis plus intéressé au football pendant… 40 ans au moins. J’ai joué au rugby entre 1965 et 1968, au Lycée Lakanal à Sceaux, puis entre 1971et 1973 à l’Agro Paris-Grignon. Je n’étais pas particulièrement bon mais j’y prenais un grand plaisir grâce à l’esprit d’équipe. J’y ai gardé encore de solides et longues amitiés. De plus, les équipes dans lesquelles je jouais allaient souvent en Finale des tournois régionaux scolaires et universitaires. Et je n’étais pas le dernier dans les « troisièmes mi-temps ». A cette époque, nous considérions avec une certaine condescendance les « footeux » ayant le sentiment assez vaniteux de faire partie d’une élite, celle de ce « sport de voyous joués par des gentlemen« .

A partir de 1974, mariage, enfants, boulot m’ont tenu éloigné de toute pratique sportive régulière et aussi de tout intérêt particulier pour les compétitions de football notamment. Au début des années 90, des collègues de bureau m’ont emmené voir un match au Parc des Princes qui venait d’être reconstruit. Il me semble qu’il y avait l’équipe de Béziers sur le terrain et je n’avais aucune idée de l’enjeu. Je me suis ennuyé ferme, alors que mes amis semblaient particulièrement enchantés.

Est arrivé 1998, le Mondial en France. Progressivement, j’ai commencé à regarder certains matchs, à retenir le nom de certains joueurs. Après la victoire française suivie à la télé avec mon fils et sa copine, on est allés sur les Champs Elysées ensemble. C’était la première fois que je pouvais vraiment mesurer la passion suscitée par le football…

Plus ou mois régulièrement, j’ai continué à regarder des matchs de foot à la télé, surtout ceux des compétitions internationales, y compris le fameux « coup de boule » de Zidane, en finale de l’Euro 2006. Autour de moi, mes fils et mon gendre, chacun à leur façon, suivaient les compétitions de près, allaient au stade pour voir leurs équipes favorites ou les matchs internatoinaux. S’ensuivaient des discussions passionnées et argumentées, mais toujours dans la bonne humeur tout de même. Mon fils Vincent soutient depuis des lustres l’équipe de Montpellier à travers ses heures de gloire et de peine : il a raconté récemment ses souvenirs de supporter dans un article paru dans lexpress.fr

C’est à force de les écouter, non seulement défendre leurs équipes ou leurs opinions sur les entraineurs, mais aussi développer des arguments qui me semblaient largement dépasser le niveau les commentateurs à la télé, que je me suis mis à regarder de plus en plus de matchs à la télé, mais souvent d’un oeil et une oreille distraits. Et d’aller au Stade de France en avril 2011 voir Marseille et Montpellier en finale de la Ligue. J’ai été déçu, d’abord parce nous étions mal placés, trop bas dans les tribunes latérales, ensuite parce que le match n’était guère captivant, tant du point « dramatique »,- l’OM avait rapidement pris le dessus sur une équipe de Montpellier à éclipses – que celui de la beauté du match. Quant à l’ambiance au Stade de France que l’on m’avait tant vantée, j’étais probablement trop mal placé pour la ressentir réellement.

Retour au stade le 19 février dernier au Parc des Princes, pour l’un des matchs cruciaux du Championnat : PSG- Montpellier, les deux équipes se disputant la première place du Championnat pour l’année 2012. Stade totalement plein, une petite tribune en coin réservée aux supporters de Montpellier qui déployaient une banderole « Que valent leurs millions en face de notre passion ?« , le reste des tribunes agitant le drapeau du club parisien. Chaude ambiance tout le long du match, mais sans débordement. Le match est devenu peu à peu passionnant, tant du point de vue dramatique (égalisation du PSG dans les dernières minutes) que du point de vue technique (une équipe de Montpellier au jeu imaginatif et une équipe du PSG au jeu résistant). J’ai vraiment vibré pendant tout ce match, d’autant que l’architecture du Parc des Princes renforce l’intensité de l’ambiance.

C’est dimanche dernier que j’ai vu mon cinquième match de football : Auxerre – Montpellier : Auxerre déjà relégué en Ligue 2, Montpellier vainqueur de la Ligue 1 devant le PSG, à condition de faire au moins un match nul. Cela se passait au Stade de l’Abbé Deschamps, plutôt champêtre en comparaison avec les stades parisiens. Les gradins étaient en majorité garnis de supporters montpellierains avec quelques rares supporters du PSG venir soutenir Auxerre pour des raisons évidentes. Auxerre qa marqué le premier but sur un penalty, mais Montpellier a égalisé avant la mi-temps. Les Monpelliérains commençaient à y croire. Je ne vais pas raconter  les incidents qui ont émaillé la deuxième mi-temps, largement rapportés par les médias… Finalement, Montpellier a gagné le Championnat de la Ligue 1 pour la première fois de l’existence du Club.

Résultat de ces expériences ? Je ne serai jamais un vrai passionné de football (ni d’aucun autre sport, d’ailleurs), mais j’irai volontiers voir quelques matchs dont l’enjeu est important, accompagné de quelqu’un qui s’y connait beaucoup mieux que moi et qui est capable de décrypter des choses qui me paraissent souvent incompréhensibles, comme mon fils par exemple, avec qui je suis allé voir les trois derniers matchs..
Evidemment, on voit mieux à la télé le détail de ce qui se passe sur le terrain. Mais dans un stade, la vue d’ensemble est bien meilleure et, bien entendu, j’aime ressentir toute l’ambiance, voire la tension qui y règnent, quand cela ne dégénère pas en insultes et brutalité en tous genres. Mais ce sentiment d’appartenance qui habite les supporters restera toujours pour moi une énigme : tant que ce n’est qu’un jeu, je comprends mais je reste sidéré quand cela va jusqu’au mépris et la violence. Est-ce à cause du rassemblement de testostérone dans un lieu clos, le stade ? Est-ce aussi à cause de tout l’argent qui inonde le football devenu le spectacle le plus populaire au monde ?

Un peu de distance me fait du bien, quand même…

 

Un commentaire sur “Itinéraire d’un amateur de foot à la traîne

  1. Bien ton article, j’aime beaucoup ta manière de raconter ta passion du foot, ton ressentit. Le tableau est une belle clôture d’article, il est à la fois simple mais est composé de beaucoup de détail, quand on projette le tableau on arriverait presque à imaginer une photo.

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