C’est parce que ce livre n’était pas bien épais que je l’ai emprunté à la bibliothèque, attiré aussi par le titre, La Ligne de courtoisie. Le nom de l’auteur me disait vaguement quelque chose mais je ne connaissais, ni son oeuvre, ni sa vie…
Effectivement, cela se lit plutôt rapidement, malgré le goût prononcé de l’auteur pour des phrases alambiquées et des mots d’une précision scientifique pour décrire la moindre trace de poussière ou de saleté dans l’environnement du narrateur. Celui-ci est un écrivain en panne de tout : il n’a pas écrit depuis des lustres, il a divorcé d’avec sa femme, ses enfants ne s’intéressent à lui que pour des raisons pratiques, voire financières, il n’a pas de complicité avec ses parents, son éditeur l’enfonce dans une pitié condescendante. Homme seul, d’autant qu’il se sent incapable d’affronter les conflits quels qu’ils soient. Il a décidé d’aller vivre à Pondichéry, espérant y retrouver son inspiration, voire même une nouvelle vie… C’est une fuite qui se solde par un séjour rempli de déconvenues et rapidement interrompu pour des raisons juridico-financières liées à son divorce. Retour à la case départ ?
J’ai eu du mal à me plonger dans les premières pages tellement j’avais l’impression de voir une série télévisée ressemblant à « Plus belle la vie » en négatif, avec tous les stéréotypes de rigueur, décrivant la vie de famille comme « une somme de solitudes uniquement liées à des obligations de bouche ».(page42). Cela ne s’arrange guère chez son éditeur dont le mépris se cache difficilement derrière une hypocrite complicité.
Regard corrosif sur la société post-moderne, certes bien écrit, mais finalement un peu convenu. Houellebecq est déjà passé par là !
Arrivé en Inde, sa situation ne s’arrange guère. Sa pusillanimité le désigne en victime du côté impitoyable de la société indienne, dont je me suis un peu rendu compte quand j’y suis allé en 2005. Les scènes racontées sont parfaitement vraisemblables ( j’en ai vécue certaines tout à fait similaires, sans réagir tout à fait de la même manière). Le moindre accès de faiblesse ne pardonne pas. Le narrateur en prend pour son grade, y compris à Auroville qui aurait dû être une sorte de phalanstère fraternel sous le regard protecteur de La Mère. C’est une description du looser absolu. A son retour précipité en France, dans un bureau de Poste, à cause d’une ligne de courtoisie non respectée, il se révolte enfin… plus ou moins. Pour combien de temps ?
En fin de compte, ce livre, qui est agréable à lire, caresse dans le sens du poil la post-modernité qui est à la mode par ces temps de crise et de désillusions. Il m’a laissé une grande impression de vide. Tout ça pour ça ?
Mais peut-être que le sujet de ce livre, c’est le vide…
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Sans rapport avec votre billet… Cela faisait longtemps que je n’avais pas cliqué chez vous. J’entre et je découvre un ravalement de façade très réussi ! Je suis bluffée. Bravo !
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