Les Déferlantes – Claudie Gallay (Editions du Rouergue)

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Un livre envoutant et subtil qui joue de toutes les nuances d’une histoire à plusieurs tiroirs. Une histoire du bout du monde, celui d’un village près de La Hague, pas loin de la fameuse centrale de retraitement de déchets nucléaires. Le danger ne vient pas de cette centrale, il vient du vent et de la mer quand ils s’accouplent pour enfanter des tempêtes noires au milieu de la nuit. La vie de ce village est épaissie d’une ancienne disparition restée non élucidée. Mais qui veut l’élucider dans le village ? L’arrivée d’une jeune fille étrangère à ce lieu et d’un ancien habitant très concerné par cette disparition et revenu après de longues années d’absence va dissoudre ce mystère …
Franchement, au début, j’ai eu du mal à rentrer dans ce volumineux roman : les courtes phrases presque télégraphiques me rendaient la lecture hachée, la belle introduction sur une tempête à nuages noirs et vagues déferlantes était suivie d’une mise en place de l’intrigue qui m’a semblé laborieuse, j’ai eu du mal à maintenir mon attention pendant les cent premières pages. Mais ensuite j’ai plongé dans toute la subtilité de ce roman à suspense.

Car c’est un roman à suspense. Pourtant je me méfie de ce genre de roman dont le but est de jouer sur les nerfs du lecteur.à n’importe quel prix, notamment celui de la crédibilité de l’intrigue… Dans « Les Déferlantes », Claudie Galay joue avec un extrême doigté de ce suspense, par touches successives, n’éveillant pas de montées d’adrénaline chez le lecteur mais une réelle empathie avec les héros, ceux qui cherchent, ceux qui savent, ceux qui disparaissent… Le secret imbibe toute la vie du village dont on devient familier.
Ces phrases courtes qui me gênaient au début aboutissent à un tableau en touches impressionnistes qui miroitent les unes par rapport aux autres. L’intrigue qui me semblait laborieuse (c’est vrai qu’elle est complexe) s’épanouit ainsi de façon presque douce mais aussi totalement déterminée.

Autre beauté de ce livre, les personnages que l’on pourrait considérer comme secondaires, ces personnages nimbant le récit d’une poésie dramatique ou nostalgique, comme ce sculpteur dont les oeuvres décharnées dénudent la détresse humaine, comme ce pêcheur amoureux sans espoir qui cherchent des requins taupes comme uniques trophées.
L’équilibre du livre vient aussi de la place de narratrice qui mène l’enquête, sans être policière, juste en se moulant dans ce village où elle vient se réfugier à la suite d’un drame amoureux.

Mais ne croyez pas que « Les déferlantes » livre un message pessimiste : la fin, tout en douceur, est surprenante.

Tout ça pour redire l’enchantement dans lequel ce livre m’a plongé. Et j’aime l’empreinte qu’il a laissé dans ma mémoire…

4 commentaires sur “Les Déferlantes – Claudie Gallay (Editions du Rouergue)

  1. Je viens de le lâcher. Un roman tout en nuance . L’écriture m’a un peu gênée au début mais peu à peu nous dépeint avec minutie, sans appuyer le trait , tous les personnages et leurs liens. Les sentiments effleurent, les indices d’un drame caché sont posés avec subtilité. Des lieux aussi magiques que les bords d’une mer sauvage ou que le » Désert » de la fin sont décrits avec la pudeur qu’ils méritent, et nous permet d’y retrouver le silence de l’âme.
    Magnifique roman qui m’a donné envie de visiter ces deux lieux pour y retrouver l’esprit de ce roman.

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