J’ai beaucoup aimé le « premier » Yasmina Khadra, celui qui se cachait encore sous le voile de son pseudonyme féminin pour décrire avec précision et force la guerre civile qui a déchiré l’Algérie durant la décennie 90. Celui qui racontait son enfance à Oran, entre une mère courageuse et fière et un père héros de la guerre d’indépendance, séducteur et lâche, et qui décrivait de façon si sensible la naissance de son envie d’écrire quoiqu’il lui en coûte. Son style faisait merveille. Beaucoup aimé aussi le très âpre Cousine K.
Avec Les Hirondelles de Kaboul, L’Attentat et Les Sirènes de Bagdad, il a acquis une notorité internationale, notamment aux Etats-Unis où certains le considèrent comme le successeur de Camus (tarte à la crème servie au moins 1 ou 2 fois par an…).
Etant membre du jury du Prix des lecteurs de L’Express, je suis amené à lire un certain nombre de livres de la rentrée littéraire de janvier 2010.
C’est pour cette raison que j’ai lu L’Olympe des Infortunes, au moment où Yasmina Khadra faisait le tour des plateaux télés pour la promotion de son livre. Je l’avais tout de même lu avant, cela m’a permis de garder une certaine fraîcheur de jugement.
Quelle déception !
On ne peut pas dénier à Yasmina Khadra le goût du risque : il s’essaie à un nouveau genre, plutôt casse-gueule, le conte philosophique. Ceci suppose un style particulier, celui du conteur, un fond philosophique original et cohérent et des personnages incarnant ce conte avec vraisemblance et humanité et non comme archétypes. Sur ces trois points, le compte n’y est pas !
Le style de Khadra est loué par la plupart des critiques, c’est un de ses principaux atouts et je l’ai moi-même beaucoup apprécié. Dans L’Olympe des Infortunes (ce titre un peu ronflant ne me disait rien de bon), ce style reste souvent très évocateur, que ce soit dans les descriptions du terrain vague, de la mer qui le borde, dans celle des marginaux qui peuplent le livre, notamment les deux héros principaux, Ach et Junior. La complexité de leur relation de possession réciproque est très belle. Très belles aussi, certaines scènes comme la noyade de Haroun, la bain de Mama… Cependant il manque le ton du conteur, un style presque oral comme celui que Tahar Ben Jelloun utilise parfois dans ses livres, ou bien le souffle baroque d’un Boualem Sansal. Khadra, lui, reste dans la littérature, certes soignée et appétente, mais qui n’a rien de l’enchantement et de la musique d’un conte.
Les marginaux qui peuplent ce terrain vague campent pour la plupart des personnages attachants. Alors que Ach et Junior ne s’abandonnent à aucune autre dépendance que celle de leur liberté et de leur compagnonnage, d’autres reconstituent un mini-Etat quasi dictatorial sous la coupe d’un Pacha brutal mais éperdu d’amour pour Pipo, son amant qui tente un retour vers la ville… L’idée est amusante mais frôle la caricature. Mais on est bien loin des personnages crédibles et splendides d’ Albert Cossery, lui-même marginal parmi les marginaux. Khadra, lui, ne fait que « fabriquer » des personnages.
Mais le moins bon du livre est dans son « fond philosophique » : cela prend la forme de longs sermons de prêcheurs, sortant de la bouche d’un personnage qui se veut prophétique, appelé Ben Adam (« le fils d’Adam », l’intention est lourde…). Ce n’est qu’une suite chaotique de clichés sur l’amour, la « vraie vie », la volonté de ne pas renoncer, une espéce de positivisme à l’américaine qui ferait croire qu’on peut tous être quelqu’un… On se croirait chez Paolo Coelho qui exhorte à suivre son étoile. Le dilemne entre le terrain vague, espace de liberté,et la ville, espace d’asservissement, toune au sermon.
Autre thème : la culpabilité. Cela apparait brusquement avec un « C » majuscule quand Ach se ronge d’inquiètude pour Junior qui est reparti en ville. Aussitot apparue, aussitôt disparue, ou plutôt dissoute dans une jalousie somme toute bien banale.
D’un écrivain qui se veut être le pont entre les cultures arabe et occidentale, qui se prévaut de l’influence de Nietzsche, on est en droit d’attendre bien mieux.
Reste la fin. Sa force dramatique m’a plu. La dernière page est très belle. Mais très bizarrement, cette fin suggère une réponse floue au dilemne de ce conte : ce n’est pas la vie dans la ville qui est condamnée, c’est celle dans le bagne où Junior a échoué après trois jours d’errance dans la ville à la recherche de l’amour. Les marginaux dans une ville ne peuvent-ils finir qu’au bagne ?
Cette fin est-elle une feinte ou une erreur ?
Juré d’un prix littéraire? Félicitations!
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Yasmina khadra sait tromper!
J’ai repris une phrase de l’entretien paru dans le quotidien algérien L’Expression vous qui dites être un seigneur, adepte de la fourberie. Vous dites : « Je suis attentif à toute proposition susceptible d’apporter un crédit à nos efforts », je vais vous rafraîchir la mémoire ; à la librairie maruani, je suis passée pour une dédicace et éventuellement un rendez-vous de courtoisie pour discuter avec vous de vos livres, notamment L’écrivain et à quoi rêvent les loups. Vous m’avez répondu que vous étiez pris en février mais que vous auriez plus de temps dès mars, j’ai appelé à deux reprises, rien, j’ai compris qu’il ne fallait pas insister. Je m’adresse au militaire qui dit « Moi, qui écrivain, ancien officier, fils d’ancien officier de l’ALN » pourquoi rajouter « fils d’ancien officier de l’ALN » le maquisard ou le dafiste car votre Père c’est le commandant de l’école des cadets et qui charge aujourd’hui d’une mission à Paris, et ce Père c’est le général Abbès Ghezaiel. Qui écrit vos livres, vous ou votre femme ou quelqu’un d’autre m’importe peu. Vous dites à Sabine Mathus qu’en Algérie vous aviez une « petite notoriété vraiment microscopique » et en avril 2004 dans une interview réalisée par Bernard Strainchamps et Anne Pambrun, l’écri vain YK avait dit « J’aime la France, aussi, pour ce qu’elle me donne. Je n’oserais plus me regarder dans une glace si je ne le reconnaissais pas tout de suite après mon pays. 40% de mes tournées mondiales sont l’œuvre des ambassades françaises. Les Instituts et les Centres culturels français ont largement contribué à ma « notoriété ». Vous parlez de « réconciliation entre les pieds-noirs et les Algériens » lesquels car pour moi il y aurait trois catégories : ceux qui sont restés et ils sont Algériens, les autres ont fui en 62 par peur et reviennent voir leurs amis et les quartiers dans lesquels ils ont grandi et il reste les pieds-noirs de l’extrême droite et que voulez-vous dire par « la guerre est terminée », celle à laquelle vous avez participé, écoutez la caravane du « silence des cimetières » qui avance pour la Vérité et la Justice.
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