C’est d’abord l’impression de puissance qui m’a frappé, quasiment au sens propre.
La taille des toiles y est pour quelque chose.
Le trait du pinceau aussi, large et profond, mais surtout pas épais.
La densité du noir aussi, voisin de l’ultra noir de Soulages.
Les giclures de peinture, traces de la vigueur du geste, de sa violence, peut-être.
Frappé, saisi… Si l’on ne sait pas qui est Fabienne Verdier, on peut se demander comment une telle force tellurique peut se développer et s’affirmer ainsi.
Passé ce premier moment de saisissement, le regard s’imprègne de la toile, de ces formes qui paraissent aléatoires, de ces grands vides. Je les ai reçues comme une ouverture vers une sorte d’infini, d’une liberté de trouver des contrées inconnues, celles où le vent peut souffler, celles où le ciel est plus grand, une sorte de monde second, ou premier peut-être, celui où les barrières des formes connues n’arrêtent plus, un monde de souffle et de vide, un monde de respiration, un monde inachevé…
En rentrant, j’ai lu le petit livre d’entretien que Fabienne Verdier a accordé en 2007 à Charles Juliet (Editions Albin Michel), opuscule de 72 pages, qui se déguste à pas lents. Intime et splendide approfondissement après avoir vu l’exposition à la galerie Jaeger Bucher. Elle livre en mots simples mais très étudiés le résultat de sa démarche entreprise depuis presque trente ans et qu’elle avait racontée dans La passagère du silence.
Voici deux extraits qui m’ont donné une clé car ils répondaient à la sensation exceptionnelle que j’ai vécue en visitant l’exposition.
« L’inachevé » est la porte d’accès secrète au voyage poétique de la peinture. Si je m’engage dans une certitude, j’échoue lamentablement. L’encre n’écoute pas cette volonté là. (page 37)
En fin de compte, l’acte de peindre est une vraie tempête, une grosse perturbation, une intervention détonnante qui ressemble furieusement à un accident. Ma peinture est certaiment issue du chaos. (page 71)
A noter, la parfaite adéquation de la galerie avec ce qui est exposé : lumière, dépouillement, espace, une vraie invitation à reccueillir des sensations…
salut jean-marie,
magnifique, j’y cours tout de suite en ce début de semaine. je t’avais dit que j’avais vu de ses oeuvres à la Roque d’Anthéron, il y a quelques années. ce qui me semble extraordinaire c’est que tout cela découle de sa connaissance parfaite de la calligraphie chinoise.
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bonjour Jean-Marie,
J’apprécie ton blog , tu le sais,et même si nous avons déjà échangé autour de cette expo.je tiens à compléter ici mon propos d’alors ….inachevé…….Quelle adéquation entre la sobriété de cet espace ,qui reçoit et offre à notre découverte et à notre être des oeuvres puissantes,oui! Fabienne Verdier a trouvé le mode d’expression à sa tempête intèrieure,à son chaos!.
A chacun de trouver le sien ,me suis-je dit ;ces oeuvres sont une véritable rencontre,d’autant plus qu’ayant lu également « Passagère du silence » j’avais alors apprécié le tempérament de la femmequi émergeait :rien de mièvre,de doucereux,une énergie magnifique,et au bout du compte une belle féminité comme je l’entends!avec à fleur de peau une humanité sans faux-semblants!!
Ces oeuvres sont en elles-mêmes une véritable énergie!
J’ai ,moi aussi été saisie,j’aime particulièrement cet état de saisissement quelqu’en soit l’objet (j’utilise là ,le mot ,dans son sens » noble »);saisie par la puissance qui se dégage et par l’inachevé ,qui, me parait devoir être au coeur du vivant:que ce soit une création,une méditation,une pensée………….de tout mouvement!
A propos du parallèle avec Soulages,il y a une similitude dans la puissance mais pas me semble-t-il dans l’inachevé;ceci étant les deux artistes me subjuguent!!!!
Il me reste maintenant à lire les ENTRETIENS!!
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