L’affaire Frédéric Mitterrand a relancé la polémique au sujet du tourisme sexuel. Ce phénomène fait avant tout l’objet d’un jugement moral, en grande majorité très réprobateur. D’autant plus réprobateur qu’il y a un amalgame très fréquent avec la pédophilie, voire même l’esclavage sexuel.
En dehors de toute considération morale, j’analyse le tourisme sexuel comme étant le résultat de la mondialisation appliquée au sexe tarifé qui est une pratique vieille comme le désir et la frustration sexuelle, comme le goût du plaisir et du pouvoir, comme la tentation des jeux qui ne sont plus innocents. Pratique vieille comme le monde, donc.
Avant que la terre ne devienne un village et que presque tous les endroits du globe puissent être à moins de 24 heures des uns des autres, le sexe tarifé ne pouvait guère être pratiqué qu’à une relative proximité. De même que les montres et les chaussettes étaient fabriquées en France, sans concurrence encore possible d’une main d’oeuvre à moindre coût.
Depuis un quart de siècle, les montres, les chaussettes et les ordinateurs soient fabriquées en Asie. Depuis une dizaine d’année, des retraités sont de plus en plus tentés de couler leurs vieux jours au Maroc ou en Tunisie qui bénéficent non seulement d’un climat agréable mais aussi d’un coût de la vie moitié moins élévé. Idem pour les candidat(e)s aux’opérations de chirurgie esthétique. Ce sont des exemples maintenant bien connus de la délocalisation de la production de biens et de services pour profiter du coût plus faible de la main d’oeuvre.
Le tourisme sexuel, c’est la même chose : que ce soit pour une prestation d’une heure ou d’une semaine, cela coûte moins cher au Maroc, en Thaïlande ou à Saint Domingue que dans la ville d’à côté ou dans une station balnéaire sur la Côte d’Azur. C’est la version sexuelle des relations nord-sud. Le livre de Michel Houellbecq, Plateforme, décrit ce phénomène avec une complaisante sagacité. Le film de Laurent Cantet, Vers le Sud, l’évoque d’une façon inattendue puisque ce sont des femmes qui sont les clientes.
Est-ce illégal ? Tout dépend des endroits. Si l’on s’en tient au droit français, sont criminelles, dans tous les pays, les relations avec mineur(e)s qui relévent de la pédophilie, et les voyages organisés à cet effet qui relèvent du proxénitisme. En revanche, le touriste qui débarque au Sénégal ou aux Philippines pour passer une semaine avec une (pas trop) jeune femme du coin n’encoure pas de poursuites.
La question des relations homosexuelles est plus compliquée puisque l’homosexualité est encore illégale dans de nombreux pays.
Je le répète : ce constat n’est pas une position morale. Il ne fait d’ailleurs pas de doute que le tourisme sexuel a des conséquences catastrophiques sur celles et ceux qui y sont contraints.
Mais que dire de la main d’oeuvre surexploitée des usines de montage d’ordinateurs ou de fabrication de chaussures en Chine ?
Que dire de ceux qui recyclent tous nos déchets, notamment technologiques, en manipulant des substances hautement toxiques, au Ghana ou au Bengladesh ?
Que dire de ceux qui travaillent dans les mines de nickel, d’or et de cuivre dans les montagnes et les forêts de Doberai (ex Guinée occidentale) volées aux autochtones qui meurent à petit feu ?
Ce sont des exemples de la mondialisation. Le tourisme sexuel n’en est qu’un autre. Est-ce la pire forme de la mondialisation ? La réponse que chacun apporte à cette question est du domaine de la morale personnelle.
Intéressant point de vue. On pourrait ajouter aussi les ouvriers turcs qui meurent de silicose parce qu’on les a employés à « sabler » les jeans de nos marques favorites (Levi’s, denim etc.). Ceci dit, il y a une différence. Dans tous ces exemples d’exploitation, les utilisateurs occidentaux que nous sommes n’ont pas le sentiment d’être les oppresseurs directs: il y a suffisamment de relais, ils peuvent toujours dire que c’est la firme textile ou la firme d’exploitation minière qui fait, mais qu’on ne lui a rien demandé, alors que dans l’industrie du sexe, là, le rapport est direct: court-circuit entre l’utilisateur et l’exploité, et c’est sans doute ce qui nous rend cette industrie plus intolérable encore.
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Je pense qu’avec le tourisme sexuel, nous sommes en face d’une exploitation,certes,mais qui a sa spécificité:celle de la marchandisation du corps humain qui couvre d’autres domaines que celui du sexe(je pense ,entre autres,à la vente et au trafic d’organes dans les pays pauvres……et il y en a d’autres….).Oui,le marché du sexe a toujours existé,et le tourisme sexuel n’en est qu’une nouvelle face actualisée née effectivement de la mondialisation.A partir de l’instant où il y a transaction financière,cela porte un nom.Il existe bien à un moment donné,comme le souligne Alain L. un rapport direct » entre l’utilisateur et l’exploité(e). »Dans ce marché florissant,très lucratif,la clientèle est souvent laissée dans le flou:Qui sont-ils ces consommateurs?…:on réserve sa chambre d’hôtel, les differentes modalités pratiques sans oublier dans celles- ci la location d’une escort! Sans doute est-on dans un monde et une société qui se délitent ,où la marchandisation se développe ,et une forme d’ individualisme pernicieux également!
L’amour dans tout cela est ABSENT!!!il est vrai que « la chose »est un art difficile:aborder l’autre avec rien d’autre que son être est plus délicat.Cela suppose avoir le gôut de l’autre,être curieux de lui,en avoir le désir.L’approche est souvent plus maladroite qu’habile;c’est la rencontre de l’inconnu(e),on peut être accueilli(e) comme éconduit(e);content(e) comme déçu(e)!
Ce qui est palpitant dans cet »art » là,dans sa gaucherie ,c’est de se dire que peut-être sera t-on ravi(e)!_et j’utilise le verbe ravir dans ses deux sens_ et puis,ilsuppose,en préalable,une capacité ou pour le moins une tendance:savoir pendant un temps s’abandonner pour aller vers…….!!
Ah oui,nous sommes loin de la marchandisation.
Mais,j’ai ouÏ dire que L’ART D’AIMER d’OVIDE se vend bien en ce moment…TANT MIEUX!!!!!(.exceptés quelques remarques ,infimes toutefois,concernant la femme ou l’homosexualité,)cela fait du bien de se trouver dans l’univers des jeux de séduction ,du consentement des être ,des émois ….
SUR CE, JE PARS VOIR MADEMOISELLE CHAMBON!!!!bye……
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quelles sont les conséquences du tourisme sexuel?? svp
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