Faut-il reprocher à Didier Lombard, PDG de France Telecom, son embonpoint et son abondante transpiration ?
Faut-il reprocher à Brice Hortefeux sa couperose et ses cheveux filasses ?
Faut-il reprocher à Martine Aubry sa silhouette massive ?
Conséquence inéluctable de la société de l’image dans laquelle nous vivons, l’actualité imprime dans nos cerveaux les images diffusées à la télé comme sur le net. Le choix même de l’image fait partie du travail fondamental des journalistes, que ce soit pour composer la page d’accueil d’un site d’information ou pour illustrer l’actualité dans les JT. Cela n’est pas nouveau, mais prend actuellement une dimension tellement écrasante que cela peut brouiller la réflexion.
Reprenons les trois exemples cités au début de ce billet :
Didier Lombard est effectivement rondouillard et, surtout, il transpire beaucoup. Ce qui est impitoyable à l’image : quelqu’un qui transpire semble forcément mal à l’aise, sinon fautif. Rappelons-nous le fameux interview de Dominique Baudis quand il a révélé sur TF1 qu’il était mis en cause dans une affaire de moeurs très louche impliquant le tueur en série Patrice Alègre. Il transpirait abondamment et parlait nerveusement. Les commentaires ont tout de suite insinué que, si Dominique Baudis était tellement mal à l’aise, c’est qu’il avait quelque chose à se reprocher…
Pas question de prendre la défense de Didier Lombard, bien au contraire. Mais insister sur sa disgrâce physique et son hypersudation, cela ne renforce pas les arguments de ceux qui condamnent son action.
(Au demeurant, je trouve très choquant qu’il ait été confirmé à son poste par Christine Lagarde « avec toute sa confiance ». Cela veut clairement dire que la gestion sociale de l’entreprise est considérée comme quantité négligeable !).
Brice Hortefeux est auvergnat, pas arabe. Il y a quelque chose dans son visage qui ne lui donne guère l’air sympathique, même quand il sourit. Peut-être parce que, dans notre inconscient collectif, il rappelle la présence allemande dans les années 40. En plus, il est de Vichy ! Pas d’bol ! Mais de là, à faire un amalgame avec la notion de collabo, c’est un pas dangereux à ne pas franchir. Sa seule réelle collaboration, c’est sa fidèlité tout terrain à Nicolas Sarkozy dans le domaine sécuritaire.
Il se met en scène de façon tellement maladroite qu’il vaudrait mieux qu’il paraisse le plus rarement possible dans les médias. Mais, plus que ses photos affligeantes, ce sont surtout ses déclarations qui sont catastrophiques, en lançant des blagues douteuses reflétant le racisme basique de Monsieur Tout-Le-Monde ou en montrant du doigt les juges pour montrer qu’il est à l’unisson de l’émotion nationale. Là, aucune indulgence à avoir !
Le cas de Martine Aubry est d’autant plus difficile qu’elle est en directe concurrence avec une autre femme qui utilise son physique avantageux sans vergogne. C’est donc un véritable défi qu’elle doit affronter dans les médias. J’aime bien Stéphane Guillon mais je trouve très lourde son insistance sur la silhouette de Martine Aubry, même s’il a le droit de l’humoriste à dézinguer qui il veut.
Martine Aubry elle-même s’est prise au jeu de l’image : quand elle a nommé Benoît Hamon porte parole du PS, son seul commentaire était sur son potentiel de séduction sur l’électorat féminin…
Il y a aussi le cas exemplaire de notre Président. Nicolas Sarkozy est petit, tout le monde le sait . En soi-même, ce n’est pas un défaut. Mais Sarko est tellement soucieux de son image (et aussi probablement très complexé) qu’il a lui même fourni aux médias de quoi pointer son complexe d’infériorité : les talonnettes, les tabourets, le choix de figurants derrière lui qaund il parle.
Ce n’est pas sa taille qui est pitoyable. C’est sa façon obsessionelle d’essayer de la cacher. .
Dans la Vème république, il y a eu un autre Président, petit pour la taille : François Mitterand. Il n’y a jamais fait allusion et personne ne l’a brocardé à ce sujet . Et il semblait aussi grand qu’Helmut Kohl quand is se recueillaient ensemble, main dans la main en 1984 à Verdun pour célébrer l’amitié franco-allemande. Quant à son potentiel de séduction sur les femmes, il semble qu’il en ait beaucoup fait usage, en dehors de toute caméra. Il maitrisait non seulement son image, mais aussi le temps.
Mao, dont on parle beaucoup ces temps-ci, avait déclaré, que « La révolution n’était pas un dîner de gala ». Il en fait une boucherie.
Il ne faudrait pas faire de la politique un défilé de mode… Qui serait alors le couturier qui nous imposerait sa façon de voir ?
Eh oui, on se venge comme on peut. Des arrogants. Des puissants. des richissimes. C’est peut-être pour cela qu’on ne peut pas mettre Lombard et Aubry tout à fait dans le même panier. Les plaisanteries de S. Guillon sur la taille de Martine Aubry tombent à plat, elles ne veulent rien dire. Ce type est nul. Mais égratigner Lombard a un sens social. Souvenons-nous de Rimbaud: « Noirs de loupes, grêlés, les yeux cerclés de bagues / Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs… ».
mais peut-être tu as raison, il vaut mieux éviter… si on peut.
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