La famille est un des sujets inépuisables au cinéma. Deux films sortis très récemment traitent de façon différente, voire même opposée de la famille. Dans le deux cas, il s’agit de situations particulièrement chaotiques.
Le premier est français. Il s’agit de Non ma fille, tu n’iras pas danser de Christophe Honoré dont les films précédents évoquaient avec grâce et irréalisme les amours légères et mortelles (Les chansons d’amour et La belle personne). Là, il s’attaque à une histoire de famille, en montrant « l’implacable bonté de la famille » contre laquelle l’héroïne se bat pour essayer de sortir de sa dépression. Le titre lui-même donne d’entrée le parti-pris du réalisateur. Pour illustrer son propos, il a choisi le ton d’une chronique familiale bourgeoise comme on en trouve tant dans le cinéma français. Dans le chaos familial, la mère fait figure de principale accusée (merveilleuse Marie Christine Barrault), le père est gentil et falot, la soeur est en plein crise de couple, le frère est le petit dernier gâté. Quand à l’ex-mari, il essaie de protéger ses enfants d’une mère qu’il pense toquée. L’héroïne, Léna (belle Chiara Mastroianni à fleur de peau), tente vaille que vaille de retrouver une certaine force de vivre. Sans y arriver vraiment. Elle finit par rester, est-ce par démission …?
Le parti-pris du réalisateur induit un jugement sur ses personnages. Cela rend le film bancal. Chaque personnage est intéressant mais l’ensemble est incohérent. Est-ce pour compenser cette incohérence que Christophe Honoré a cru bon de mettre un interméde de danse bretonne illustrant la légende d’une fille qui aime la danse et les hommes . Long, très long et très lourd …. !
Ce qui devait être un hymne à la liberté devient une plongée dans l’incohérence.
Le deuxième est anglais, de la réalisatrice Andrea Arnold (je ne connaissais rien d’elle). Il s’agit de Fish Tank, qui a reçu le Prix du Jury au Festival de Cannes 2009. Chronique familiale dans une banlieue prolétaire, comme souvent dans le cinéma anglais, pas seulement chez Ken Loach. L’héroïne, Mia (Katie Jarvis, fragile et énergique, révélation du Festival de Cannes) a 15 ans, rebelle, au ban de la scolarité. Sa passion : la danse hip-hop. Sa mère aime les beaux mecs et la bouteille. Sa petite soeur ne fait qu’éructer des jurons. Un matin, un amant de la mère (splendide et méconnaissable Michael Fassbender, il était l’inflexible militant irlandais dans Hunger) débarque… Mia ère, se bat, plonge, remonte, aime et s’en va. Rebelle mais aimante. Naïve mais violente. Fragile mais énergique. Ce portrait d’une fille paumée et rebelle évoque Rosetta des Frères Dardenne
Pas de jugement de valeur suggéré par la réalisatrice sur aucun des personnages principaux. A chaque spectateur de trouver sa propre résonnance. Il reste libre de son jugement.
Tout ça pour dire que le cinéma anglais peut être fulgurant, alors que le cinéma français « d’auteur » peut être ronronnant. Comme souvent, c’est à la marge que l’on trouve les espoirs de renouveau, comme chez Abdelattiff Kechiche (la Graine et le mulet), Laurent Cantet (Entre les murs). Mais l’ex’nouveau cinéma français de la génération Desplechin commence à pontifier. Autant revoir un beau Triffaut !
merci pour cette série sur la rentrée du cinéma. Je note quelques unes de mes futures toiles. FISH TANK me tente. Vous pointez les grosses pointures : tous des films à voir sans aucun doute !
J’aimeJ’aime
Le film de Christophe Honoré est ennuyeux comme la pluie bretonne : le scénario est complètement vaseux.
La séquence interminable – soi-disant onirique – de danse bretonne, comme tu l’as bien noté, tourne au documentaire sur le folklore local.
Ce cinéaste prétentieux (« La belle personne », film germano-pratin détestable) devrait décidément se cantonner dans des docus destinés à l’Office du tourisme de Pléneuf-Val-André !
J’aimeJ’aime