L’Obamania est repartie de plus belle jusqu’à mardi, jour de son investiture. Je ne vais pas m’en plaindre puisque j’y ai sacrifié depuis bien longtemps. Mais il est sain de prendre du recul en écoutant les propos toujours critiques de Noam Chomsky.
Il faut lire aussi la longue interview que Barack Obama a accordée au magazine Time, dont on trouve la traduction française sur le site de Courrier International. C’est très intéressant et il apparaît, tel qu’on l’espère : idéaliste, ambitieux et réaliste tout ensemble.
J’ai relevé deux points qui se situent légérement en marge de son programme politique mais qui révèlent deux traits intéressants de sa personnalité.
Le premier concerne un conseill donné par tous ses prédecesseurs : « (…) tous m’ont prévenu qu’il était essentiel de se ménager du temps pour réfléchir et de ne pas être tout le temps dans l’action. » Tiens donc, notre agité permanent de l’Elysée n’a apparemment pas entendu ce conseil. Il est vrai que ses prédecesseurs avaient une gestion du temps assez spéciale. Mitterrand, grand orfèvre en la matière, le gérait essentiellement en fonction de l’hypothèse qu’il se faisait sur l’évolution de son cancer. Il faut lui rendre justice : il a admirablement géré son temps de ce point de vue, même si c’est au prix d’un immobilisme quasi total à partir de 1985 (sauf en matière de politique européenne). Quant à Chirac, il a passé son temps à être à contre-temps, d’où son énorme boulette de la dissolution de 1997.
Donc Obama veut savoir ne pas être toujours dans l’action. On lui souhaite d’y réussir : la façon dont il a géré le temps entre son élection et son investiture est un modèle du genre. Mais des critiques se sont déjà élevées sur son absence de réaction concernant l’invasion meurtrière de Gaza par Israël.
Le deuxième point concerne plus partuculièrement sa personnalité quand il évoque la façon dont Michelle et lui élévent leurs deux filles :
« Je ne suis pas du genre à crier. La méthode qui a toujours marché avec moi quand j’étais enfant – et qu’avec Michelle nous trouvons très efficace avec nos enfants – consiste simplement à culpabiliser l’autre, avec des phrases comme : “Je suis drôlement déçu. J’attendais tellement plus de ta part.” En règle générale, les gens ont envie de faire ce qu’il faut, et vous avez d’autant plus de poids si vous leur dites clairement ce que vous attendez et qu’ils voient que vous faites vous-même ce qu’il faut. Ça ne marche pas aussi bien en hurlant. Il y a bien sûr des exceptions. Quand la culpabilité ne donne rien, il faut susciter la crainte. »
C’est clair : Obama ne sera pas seulement un homme de dialogue. Si on étend ce propos à sa gestion future des relations internationales, on sait déja qu’en cas de désaccord, ses armes seront la culpabilisation, puis la crainte, donc la force.
Je reste dubitatif sur l’utilisation de la culpabilisation dans les relations internationales.
Mais Obama reste le meilleur possible à l’heure actuelle. Puisqu’il accepte déjà de décevoir. Le premier bilan arrivera dans moins de deux ans, en novembre 2010. Obama aimerait que ses concitoyens pensent de la façon suivante : “Le gouvernement n’est pas parfait, certaines initiatives d’Obama m’exaspèrent. Mais, globalement, j’ai le sentiment que le gouvernement travaille pour moi. J’ai le sentiment qu’il est fiable. J’ai le sentiment qu’il est transparent. J’ai le sentiment d’être bien informé sur les mesures qu’il entreprend. J’ai le sentiment d’avoir en face de moi un président et un gouvernement qui savent reconnaître leurs erreurs, qui s’adaptent aux nouvelles informations et préfèrent appuyer leurs décisions sur des faits et sur des données scientifiques plutôt que faire de la démagogie politique.”
On pourrait se poser les mêmes questions après les 19 mois de Sarkozy à l’Elysée : fiabilité, transparence, reconnaisance de ses propres erreurs, décisions qui s’appuient sur des faits et des données scientifiques, pas de démagogie politique…
Vaut-il mieux en rire ?
La comparaison entre Sarkozy et Obama est amusante, pour ne pas dire incongrue !
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(Attention très longue phrase !)
Quand on voit le temps qu’il a fallu à la conscience israélienne avant de commencer à évoquer le remord suscité par le silence coupable de son armée durant les massacres de Sabra et Chatilla (évoqué ici dans un excellent billet), on ne peut que s’interroger sur temps qu’il faudra à Obama pour commencer un début de semblant de travail sur soi pour se racheter de son silence coupable durant les Massacres de Gaza.
(Ouf voilà c’est dit)
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