Trois films vus en une semaine, très différents les uns des autres, mais qui ont en commun un côté foutraque et déjanté, qui fait du bien par les temps qui courent…
Musée haut, musée bas de Jean-Michel Ribes commence par une satire au vitriol du comportement des visiteurs qui passent quelques minutes ou quelques heures dans un musée. C’est rigolo, d’autant que l’on reconnaît au passage une pléiade de stars françaises de tous bords. Puis le film dévie vers un délire complet sur les représentations de l’art, sur les événements qui sont censés promouvoir l’art, et enfin sur l’art lui-même qui se noie…
Ce film circule à travers une multitude de scènes courtes et drôlatiques. On peut bien sûr y voir des messages plus ou moins politiques, des prises de position artistiques. J’y ai aussi aimé l’envie de tout oser, au risque du kitsch, mais sans lourdeur et en riant sans retenue.
Le Plaisir de chanter de Ilan Duran Cohen rassemble lui aussi des situations apparemment incohérentes vaguement reliées par une intrigue policière à laquelle on n’est pas forcé de croire. C’est l’occasion de raconter des histoires d’amour, de broder sur ce lien si compliqué et si subtil où le plaisir et le sentiment se confondent pour le meilleur et aussi, parfois, pour le pire. Est aussi évoqué le vieillissement, souci de l’époque, même pour les plus jeunes.
Le film est magnifiquement servi par des acteurs qui n’ont ni froid aux yeux et ni la bouche fermée, entre autres pour chanter puisque c’est dans un cours de chant que tous les protagonistes se retrouvent tous, mais pas par hasard. L’irruption de la musique, depuis l’opéra jusquà la chansonnette, donne une poésie plaisante à ce film qui est un OVNI dans le paysage du cinéma français.
Mascarades est un film algérien de Lyes Salem, qui incarne aussi Mounir, le personnage principal. L’intrigue se passe dans un village à la limite des Aurès et du Sahara, ce qui vaut quelques images splendides sur la beauté des paysages. Mais on ne s’y attarde guère. Car il s’agit du mariage difficile à conclure de Rym, la très jolie soeur de Mounir, mais frappée de narcolepsie. Et amoureuse depuis 4 ans du meilleur ami de Mounir mais qui n’est qu’un « va-nu-pied ». Le film raconte comment Mounir cherche à garder le contrôle de la situation où c’est le frère qui décide du mariage de la soeur. Mais les femmes ne se laisssent pas faire.
Très curieusement, ce film fait penser aux comédies de Molière ou de Marivaux. Sous l’intrigue amoureuse se dessinent une satire sociale vigoureuse et une peinture profonde et juste de la comédie humaine .
Evidemment, ce film m’a d’autant plus touché qu’il se passe en Algérie, pays qui reste toujours si cher à mon coeur. J’y ai retrouvé le « bordel à l’algérienne », les rues défoncées, la pression et la chaleur des communautés familiales et de voisinage, et les rêves et les illusions de ce peuple dont l’horizon quotidien est si bouché.
Mascarades fait partie des films qui pourront peut-être participer à la compétition pour l’Oscar 2009 du meilleur film étranger à Hollywood en février prochain.
Dommage que ces trois films ne soient pas plus largement diffusés sur l’ensemble du territoire français : aurais-je pu les voir au cinéma de Paimpol ?