Depuis Match Point, en 2005, Woody Allen a retrouvé l’inspiration. Est ce parce qu’il tourne en Europe ? Tout le monde sait qu’il a bien plus de succès de ce côté-ci de l’Atlantique qu’en Amérique.
Avec Vicky, Cristina, Barcelona, Woody continue avec brio sa série européene, porté par le magnétisme singulier de Scarlett Johansson, puissamment aidé par le quintal de testostérone brute de Javier Bardem, la furia espagnole de Penelope Cruz et le tourment en eaux calmes de Rebecca Hall.
Ce film est un véritable bijou sur les jeux de l’amour qui ne sont pas ceux du hasard, sur les réactions chimiques plus ou moins destructrices qui s’établissent entre hommes et femmes, sur les faux-semblants de la sécurité affective et les vertiges de la passion. Et si Woody Allen était le Mozart du 7ème art ? De même que ce dernier magnifie la musique en décrivant les méandres de l’amour, de la trahison et du pardon, Allen joue avec élégance et virtuosité de la caméra et la fluidité de sa narration pour aller au fond des aléas du coeur humain. Les deux portent un regard sans complaisance sur la comédie de la séduction. et regardent avec compassion et humour les degâts qu’elle provoque.
Il y a dans Vicky, Cristina, Barcelona un parfum délicieusement acide qui rappelle celui du Cosi Fan Tutte.
En filigrane du film, il y a un pamphlet assez violent contre le comportement courant des américains, incarné par le couple hôte de Vicky et Cristina et le mari de Vicky : pensée positive de rigueur, culte de la réussite matérialiste, conformisme des attitudes, manque d’intérêt autre qu’anecdotique pour les autres. Ce comportement, sous couvert d’une certaine cordialité, cherche à éviter tout risque de fêlure, à faire barrage au saisissement perturbateur provoqué par des rencontres aléatoires. Au contraire, Cristina et Vicky, chacune à leur façon, vont scruter les visages et chercher les caresses et mettent leur coeur en danger.
Cependant, le sceptique et facétieux Woody Allen ne laisse pas croire que les passions vécues à la méditerranéene sont la panacée. A la fin du film, Cristina en est revenue à la case départ : ‘Je ne sais pas ce que je veux, mais je sais ce que je ne veux pas ». Ce n’est même pas sûr !!!
Il ne faut jamais dévoiler la fin d’un film, ne serait-ce que par un dialogue rapporté.
Mais je compte bien aller le voir quand même, j’adore Scarlett Johansson et « Match Point » était un véritable chef-d’oeuvre.
Quant à Mozart, peut-on comparer l’indicible au visible ?
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