Tout le monde se souvient des caricatures de Mahomet parues en 2005 au Danemark, leur reproduction dans certains organes de presse français (L’Express, France-Soir et Charlie Hebdo) et le procès intenté à Charlie Hebdo par certaines institutions plus ou moins représentatives de la communauté musulmane française : l’Union des organisations islamiques de France, réputée proche des Frères musulmans, et la Grande Mosquée de Paris .
C’est ce procès qui est, à la fois filmé au jour et le jour et, aussi, commenté a posteriori par ses principaux acteurs. Je voudrais juste relever l’aspect dramaturgique de ce film.
Car ce film retrace, et amplifie, la dramaturgie du procès. C’est ce qui le rend passionnant. Evidemment, les plaignants s’en sortent mal, ils paraissent soit de mauvaise foi avec une certaine gourmandise (Francis Szpiner), soit incompétent (Christophe Bigot). Et les avocats de la défense (Richard Malka et Georges Kiejman) sont éblouissants ! Du moins c’est ce qui ressort de ce film. Notamment ce moment où Malka montre les pires caricatures faites par Charlie Hebdo sur les autres religions, notamment la religion catholique, au grand effroi de Philippe Val pour avancer l’argument majeur (l’islam n’est pas traitée différemment des autres religions) !
Dramaturgie amplifiée par le bruissement de la foule devant la salle du tribunal (le choeur antique …) , par les interventions des politiques en pleine campagne électorale (les porteurs de la doxa). Et magnifiée par les témoignages extrêmement impressionnants de Abdelwahab Meddeb, Mohamed Sifaoui et Elisabeth Badinter, les véritables héros de ce drame.
(En regardant ce splendide plaidoyer sur la liberté d’expression, pierre angulaire de la démocratie, on ne peut s’empêcher d’être troublé par la polémique récente entre Philippe Val et Siné. Je ne suis pas parvenu à me faire une opinion sur cette polémique.)
j’ai choisi le camp de Siné… je ne crois pas un seul instant que Siné, qui s’est tellement illustré dans le passé dans tant de combats (y compris contre l’anti-sémitisme) soit anti-sémite, en revanche, je trouve ce Val un peu louche… l’idée d’instrumentaliser l’anti-sémitisme à tout bout de champ me semble stupide et terriblement dangereuse.
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Entièrement d’accord avec Alain Lecomte. Philippe val est un ayatollah dans son genre, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes !
Il manque singulièrement d’humour et ressemble à un BHL qui voit de l’antisémitisme partout.
C’est pourquoi il y a longtemps que je ne lis plus « Charlie Hebdo » (sa position en faveur du « oui » au Traité sur la Constitution européenne, ses attaques contre Internet…) et j’apprécie qu’un « vieillard cacochyme » (Cabu, que j’apprécie dans « Le Canard enchaîné », aurait dû démissionner par solidarité !) ait lancé son « Siné Hebdo » où l’on a pu lire, dans le premier numéro qui a été un succès, un article de Raoul Vaneigem : un peu mieux que les arguments filandreux du dormeur dogmatique de Val.
Je n’irai donc pas voir ce film, par principe.
Facile de taper à bras raccourcis sur la religion catholique, moins facile de s’attaquer aux turbans ! Heureusement que des avocats « éblouissants » étaient là ! Manque de bol pour ceux de la partie adverse.
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Il est clair que le procès fut gagné par Charlie Hebdo en très grande partie grâce à la qualité des avocats.
Je n’aime pas beaucoup Siné, ni le bonhomme que je trouve imbuvable et arrogant, au moins autant que Val, ni ses imprécations caractérielles, ni même la plupart de ses dessins. Je ne comprends pas la fixette de Val sur l’antisémistisme, notamment son soutien à la loi Gayssot qui a ouvert la porte aux lois mémorielles que je trouve nuisibles et stupides.
Quand à leur différend, la bagarre des grands principes cache, comme bien souvent, un conflit d’egos totalement surdimensionnés !
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