J’ai emprunté ce livre à ma bibliothèque favorite avant le séisme du Sichuan. La Chine ne quitte plus nos pensées, obscures ou non.
Il s’agit de Prière pour une âme égarée (Editions Bleu de Chine), de Zheng Yi. Une centaine de pages, qui se lisent presque sans reprendre sa respiration. A partir d’un questionnement sur ses deux noms, celui donné par son père et son pseudonyme littéraire, il plonge dans son passé, celui de la Révolution culturelle pendant laquelle il fut attaqué très violemment par les Gardes rouges. Et se livre à une réflexion à la fois dense et poétique sur l’oubli, le souvenir, le pardon…
Bien sûr, cela concerne la Chine, en premier lieu. Mais cette plongée la dépasse largement. Pour preuve, voici une citation choisie dans les dernières pages du livre :
Ma mission, je le comprends enfin, consiste à endurer la souffrance, à lui résister pour la distiller, à la raffiner au contact de mon existence et de mon écriture. Je ne prétendrais pas néammoins que je suis capable d’amour ; je n’ai pas encore atteint cet état où l’on peut, ému aux larmes, prier pour ses ennemis !
En regard, voici deux autres citations chinoises :
* Trop pardonner, c’est entretenir le mal (Li Ji, le livre des rites écrit sous la dynastie Zhou qui régna pendant presque un millénaire, avant Jésus-Christ).
* Seul l’imbécile ne sait pas pardonner (tradition populaire).