(Je ne voulais plus écrire de note sur l’actualité politique française dans ce blog. Mais ce qui se passe en ce moment est tout à fait scandaleux. Et lourd de menaces)
Sarkozy est malade : les usagers de la RATP n’ont pas le droit de le savoir puisque la publicité pour le numéro du Courrier international publiant une série d’articles au vitriol venant de la presse étrangère sur l’étrange conduite de notre Président a été refusée dans les couloirs du métro parisien.
Tous nos gouvernants ont été malades, ne serait-ce que de leur ego surdimensonné. Mais n’est-ce pas une condition sine qua non pour escalader les chemins escarpés conduisant au sommet de l’Etat ?
Mais, sous la Vème République, aucun des cinq premiers présidents n’a osé demander à la Cour de Cassation une astuce pour contourner un avis du Conseil constitutionnel. Sarko 1er lui, fort de son « volontarisme », pête les plombs ! Faute de pouvoir chercher la croissance « avec les dents », faute de pouvoir libérer Ingrid Bettancourt, faute d’avoir convaincu une opinion déçue par ses résultats et choquée par sa façon d’exercer ses fonctions, il tente une coup de force juridique, qui dépasse les simples caprices dont nous commençons, hélas, à avoir l’habitude.
La plupart des juristes sont révoltés par cette « commande » faite à la Cour de Cassation. Je ne suis pas compétent pour y ajouter mon grain de sel (lire le lumineux interview de Robert Badinter publié dans le Monde daté du 24/25 février 2007). Mais sa tentative de passer outre l’avis du Conseil constitutionnel est un déni du respect des institutions, du droit et de la justice : quel mauvais exemple venant du somment de l’Etat ! Faudra-t-il s’étonner si de moins en moins de citoyens aient confiance en la justice, si, quand un verdict est rendu, l’une des deux parties crie à l’injustice alors que c’est le droit qui est dit et interprêté. Comment faire comprendre à tous que la logique du droit ne doit pas tenir compte de l’émotion personnelle, de l’atmosphère générale de l’opinion et des injonctions des pouvoirs publics. Mais qu’il s’appuie sur des principes généraux (dont celui de la non retroactivité de la loi) visant à assurer un fonctionnement de la société le plus équitable possible suivant des lois votées par les représentants du peuple.
En procédant ainsi, Sarkozy, pourtant avocat de formation (?!), disqualifie aux yeux de l’opinion le fonctionnement normal de la justice, en laissant croire qu’il y a toujours un moyen de la tourner et de la remettre en cause. De plus, il invoque le « principe de précaution » et évoque « les monstres en liberté » ! C’est toujours le même système : il utilise des principes généraux pour justifier une politique ambigüe, il sollicite l’émotion, il fait appel à la comédie de la compassion, au mépris de la raison et du recul indispensables à celui qui est censé diriger le pays, sans se laisser emporter par de simples pulsions personnelles.
Faudra-t-il alors changer la Constitution pour en retirer le principe de la non retro-activité d’une loi ? Ce principe, garant d’une justice qui s’exerce en connaissance de cause, est-il négociable ? Bien évidemment, non ! J’espère que la Cour de Cassation ne va pas se coucher devant le Président.
Mais le mal est fait : il donne le sentiment que les principes fondamentaux de la justice française peuvent être remis en cause. Il rend la justice encore moins intelligible. Et son application encore plus difficile.
Pendant la campagne électorale des dernières présidentielles, on avait dit que Sarkozy était dangereux. Non seulement, il l’est pour le niveau de vie d’une large majorité des français et pour les immigrés sans papiers pour qui le retour au pays est une malédiction, mais aussi pour l’exercice serein de la justice. Est-ce une surprise ? Pas tant que ça : rappelez-vous ses invectives contre la justice quand il était ministre de l’intérieur.
Au moment où la scène internationale va enfin être débarassée du pire des Présidents américains, je crains que le pire des Présidents français ne vienne prendre la relève. C’était ça, la rupture ?
La presse internationale n’a pas fini de se gausser, ou pire, de mépriser un Président même pas respectueux des règles dont il est pourtant le garant.
Je lisais sur un blog, je ne sais plus lequel, que beaucoup de gens avaient « diabolisé » (à tort) Sarkozy pendant la campagne électorale. Et pourtant… jamais je n’aurais cru tout ça de lui. Je regrette de pas l’avoir diabolisé assez, tiens.
Kiki 🙂
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J’ai retrouvé où, c’est chez Monsieur Jacques :
http://lamauragne.blog.lemonde.fr/2008/02/23/diabolique-sarkozy/
(finalement, mes médicaments sont efficaces !)
Kiki2 🙂
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