Ca devient un feuilleton, nettement plus passionnant que celui dont on nous abreuve depuis le palais de l’Elysée : la crise du Monde.
Donc la sortie de crise était en vue. Eric Fottorino le 27 janvier dernier annonçait un soporifique apaisement en promettant de dégager des « lignes de forces d’une stratégie amibitieuse destinée à faire briller la marque Le Monde dans les années qui viennent« . C’était sans compter le grand justicier des médias français, Daniel Schneiderman, qui voulait lui aussi en tirer les leçons à sa manière dans sa chronique à paraître dans Libération. Mais Laurent Joffrin, directeur de Libé, n’a pas voulu faire paraître cette chronique, la jugeant diffamatoire. Du coup, Schneidermann la fait paraître sur son site Arrêt sur images. Et Laurent Joffrin donne une brève explication de son geste ce matin dans Libé. Cerise sur le gâteau, Colombe Schneck aborde ce sujet dans son émission quotidienne J’ai mes sources, de 9h35 à 10h sur France Inter.
Tout ce petit manège prouve une chose : la liberté de la presse existe encore en France ! A une condition, lire et écouter (et parfois regarder à la télé mais c’est plus difficile) différents médias, avoir des justiciers parfois arrogants et injustes (Schneidermann s’est fait traité de « petit marquis » récemment par Jean Daniel, le directeur du Nouvel Observateur) mais indispensables pour que le débat parfois vif existe.
Autre remarque, ces polémiques enflamment davantage des médias plus ou moins à gauche. A droite, mises à part les protestations infructueuses de l’équipe de la rédaction des Echos lors du rachat du titre par Bernard Arnault, pas de polémique. Calme plat. Surtout ne pas réveiller les braves lecteurs, téléspectateurs électeurs que l’on bombarde avec des images idylliques de croisières sur le Nil. Dormez, dormez, braves gens, Nicolas tiens la barre …
Il semble pourtant que le bateau lui échappe.
Il est quand même regrettable que Laurent Joffrin exerce sa censure sur la chronique hebdomadaire de Daniel Schneidermann… le jour même où il pilote un numéro de « Libération » consacrant dix pages à Mai 68, et dont il vante, dans son éditorial pourtant tonique, la « liberté » !
Il faudrait mettre la théorie en accord avec la pratique : et la chronique de Daniel Schneidermann, qui a son propre angle d’attaque ou d’observation, n’est en rien répréhensible à sa lecture, sauf à vouloir ménager tout simplement le voisin qui travaille et concurrence « à côté ».
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C’est volontairement que je n’ ai pas porté de jugement sur le fait que Laurent Joffrin ait refusé la parution de la chronique de Daniel Schneidermann. Car ce n’était pas l’angle d’attaque, pour reprendre votre terme, que je souhaitais prendre dans cette note.
Je voulais, comme pour la note précédente, mettre l’accent sur la NECESSITE d’avoir plusieurs sources d’information pour se faire une idée d’un fait. Et que la présence d’un Daniel Schneidermann, aussi exaspérant qu’il puisse être en donneur de leçon, est, elle aussi, indispensable.
Par ailleurs, je suis d’accord avec vous : il n’y a vraiment pas, dans la chronique de DS, de quoi fouetter un chat, ni poursuivre en justice un directeur de publication.
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