Depuis plusieurs semaines, Thalassa, l’insubmersible émission consacrée à la mer de France 3, propose un tour du monde. Hier, quatre reportages, tous passionnants. Quatre regards fulgurants sur quatre aspects de notre monde tel qu’il court.
D’abord, Macao (que j’ai connue alanguie entre 2000 et 2002 avec des pêcheurs tout proche des grands ponts sautant d’île en île) a ravi la première place mondiale dans l’industrie du jeu à Las Vegas : les joueurs chinois ont maintenant plus de poids que les joueurs américains. C’est un signe pas si futile que ça de la croissance de la Chine, prochaine première puissance économique mondiale : l’Empire du Milieu n’a jamais mieux mérité son nom.
Ensuite, Sihanoukville, la seule station balnéaire du Cambodge (où j’ai passé quelques jours en 2005 en regardant des bonzes se promener au bord de la mer avec leur gamelle). Pour réaliser les projets mégalomaniaques de ce qui est appelé doctement le développement touristique, (construction d’hôtels 5 étoiles, de marinas, etc), on « fait le ménage » en expulsant les habitants avec la plus grande brutalité et la protection d’un pouvoir totalement corrompu. … »Quand on parle de développement touristique, on peut être certain que cela se fera au détriment des populations locales » déclare un militant cambodgien cherchant à aider les spoliés… Dans ce pays qui a perdu le quart de sa population sous la folie meurtrière des khmers rouges il y a moins de trente ans, le tourisme international y imprime ses pires stigmates, sans aucune place pour un tourisme responsable.
A Chenai, l’ancienne Madras, la plus grande ville de l’Inde du sud (où j’ai séjourné il y a … 34 ans !), les vieux ordinateurs de la terre entière sont « recyclés » : sous ce mot politiquement correct, il s’agit de récupérer du plastique, du fer, du cuivre ou de l’aluminium sans aucune précaution malgré toutes les substances nocives et dangereuses manipulées par ceux qui désossent les ordinateurs. Conscients des risques encourus, ils disent, résignés : ‘Entre çà et mourir de faim… ». Edifiante illustration de la façon dont nos déchets sont traités : c’est dans les tas d’ordures des pays « émergents » que se nichent les plus grandes hontes de notre société.
Dans le Golfe de Martaban, au large de la Birmanie, la pêche dans les eaux parmi les plus poissonneuses du monde se fait dans des conditions de précarité et d’insécurité hallucinantes. Le profit tiré par quelques « patrons » laisse quelques miettes aux habitants côtiers dont les maigres revenus apportent juste le minimum vital pour vivre sur place. Où iraient-ils sinon ?
Quatre visages impitoyables de la mondialisation dans une émission grand public en « prime time », présentée par Georges Pernoud qui dissimule sous son allure de jovial chef de bureau de sous préfecture maritime une âme subversive et radicale.
Daniel Mermet, le grand gourou de l’ultra gauche et producteur de l’émission Là bas si j’y suis sur France Inter de 15 à 16 heures, est moins crédible car plus idéologue.