Donc, notre président doit annoncer après son voyage de VRP d’Etat en Chine, les mesures qu’il compte prendre pour honorer sa promesse fondamentale de candidat, qu’il résumait en proclamant « Je serai le président du pouvoir d’achat ! ». Il est content de lui d’avoir réformé les régimes spéciaux de retraite (peut-être s’est-il réjoui un peu tôt…) avec une assez grande habilité, il faut le reconnaître…
Mais comment faire pour augmenter le pouvoir d’achat des Français, au moment où les prix de matières premières les plus sensibles au porte monnaie flambent (blé, pétrole notamment), après avoir vidé les caisses de l’Etat avec le fameux paquet fiscal qui était censé « redonner confiance » ? En fait de confiance, les Français n’ont jamais été aussi inquiets sur leur avenir, une fois passée la griserie du « tout est possible » sarkozyen.
Les débats font rage entre les conseillers du président d’un côté, conduit par Henri Guaino, qui souhaitent honorer les promesses du candidat, quitte à creuser encore davantage la dette à rembourser par les générations futures, et une grande partie de l’équipe gouvernementale sous la houlette de François Fillon et certains parlementaires de la majorité conscients de l’état catastrophique des finances nationales.
Ceci me rappelle ces jours de mars 1983, où le débat fut au moins aussi tendu au sein de l’équipe Mitterrand entre ceux qui voulaient sortir de la contrainte européenne pour continuer à tenir les promesses électorales et les autres qui pensaient que le cadre européen allait empêcher la France de dériver dans des eaux aventureuses. Mitterand, qui n’était pas un économiste compétent, penchait pour la première solution. Delors et Mauroy, beaucoup plus conscients de risques énormes qu’aurait pris la France en faisant cavalier seul, ont prôné le maintien dans le cadre européen, ce qui entraînait un plan d’austérité et le renvoi aux calendes mitterandiennes la promesse de « Changer la vie ». Ce sont eux qui l’ont emporté. La gauche a trahi une grande partie de son électorat mais a empêché la France de s’engager dans la voie de l’appauvrissement général.
Plus loin dans l’histoire, il y a eu le débat juste après la guerre, entre Pleven et Mendes-France sur les mesures à prendre pour relever l’économie française : De Gaulle, pas compétent non plus en économie, a choisi le voie laxiste de Pleven. Avec du recul, beaucoup d »historiens pensent que cette décision a été mauvaise pour l’économie française mais politiquement inévitable dans le contexte du moment.
Est-ce un choix du même ordre qui doit se faire dans les jours qui viennent pour la nouvelle équipe au pouvoir ? Dilemme fatal quand il s’agit de confronter les promesses (dont Sarkozy n’a pas été avare…) et la réalité économique avec qui il est encore beaucoup plus difficile de négocier qu’avec la CGT ? La crédibilité politique vaut-elle la lucidité économique ?.
Le moment de vérité va arriver pour le volontarisme sarkozien.
bonne analyse… il est certain qu’entre les références à Jaurès et le soutien du MEDEF… un jour ou l’autre, il va falloir choisir… Guaino va-t-il tenir longtemps à ce petit jeu? (autre parallèle, peut-être risqué, avec l’ère mitterandienne: le Guaino de Mitterrand était un Régis Debray qui se réclamait encore de la gauche… il faut voir l’amertume qu’il en a tiré par la suite).
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