Du chef de bande au capitaine d’équipe ? (actualisé le 21 juin)

Les premières semaines du pouvoir sarkozien m’ont fait une impression très partagée.

Le gouvernement Fillon 1D’abord, mon admiration devant l’extrême habilité de la composition du gouvernement Fillon 1. Sarkozy a réussi a mettre ses proches aux postes clès, à amadouer le reste de chiraquisme en nommant Alain Juppé numéro 2 du gouvernement, à débaucher des centristes, pour anesthésier Bayrou et son Modem, et des personnalités de gauche, pour montrer son « esprit d’ouverture ». Tout ceci en tenant presque sa promesse d’un gouvernement resséré et de parité homme/femme. Bien joué. Et grand sursaut de popularité.
(Et la composition du gouvernement Fillon 2 est également un grand morceau de bravoure. Chapeau l’artiste ! )

Sarkozy et sa bandeEnsuite, ma grande perplexité devant les premières manifestations de la méthode de gouvernement. Ce gouvernement composé pourtant de politiciens qui n’ont rien de novices semble fonctionner de façon erratique, multipliant les déclarations contradictoires et les annonces péremptoires, quitte à les transformer en missions d’étude. Tout en affirmant que « toutes les réformes seront faites en même temps ».

Les 16 ministres du gouvernement Fillon 1Tant que Sarkozy était en France, il donnait le tempo, rapide comme il se doit. Quand il était en déplacement à l’extérieur, le Premier ministre, lui, était déjà parti en campagne, laissant libre cours à un discours partisan anti-gauche, étonnant dans la bouche d’un chef de gouvernement que l’on croyait calme et qui se veut d’ouverture. Les ministres, voulant être des bons élèves de leur président (« obligation de résultat » oblige) annonçaient tout à chacun une réforme au moins. D’où les cafouillages de plus en plus nombreux, culminant avec l’épisode calamiteux de la TVA sociale.

Nicolas Sarkozy en conférence de presse, le 8 juin 2007 à Heiligendamm en AllemagneEn outre, Sarkozy à l’étranger s’est remué comme un petit diable, faisant passer son hyper activité pour une hyper efficacité. Avec un certain résultat sur le « traité simplifié » européen, mais cela rejoingnait l’idée d’Angela Merkel qui veut être à celle qui a sorti le char européen du bourbier. Quant à la participation de Sarko au G8, c’est peu dire qu’il n’a guère été convaincant ! La presse étrangère s’est gaussée…

Sarkozy pas contentBref, ce n’est pas facile de gouverner. Sarkozy était un excellent chef de bande. Sera-t-il être un talentueux capitaine d’équipe ? Le management d’équipe ne semble pas être un art où il excelle. Soit il essaie de faire fonctionner son équipe, et comment évitera-t-il la cacophonie ? Soit il reprend les choses en main et il décidera de tout : compte tenu de son caractère apparemment brouillon et de son carnet de promesses tous azimuts, on peut douter de la cohérence de son action.
(Depuis son interview télévisée du 20 juin, il n’y a plus de doute : c’est lui qui gouverne et seulement lui ! Comme a dit Chirac un certain 14 juillet : « Je donne les ordres, il(s) exécute(nt) »)

Lionel JospinJe ne peux m’empêcher de me souvenir, avec une certaine nostalgie, de la façon dont Lionel Jospin a su faire fonctionner son équipe gouvernementale de la « Gauche plurielle », pourtant très hétéroclite. Avec peu de remaniements, sans faire appel au « 49-3 » pour faire passer les lois, Jospin a réussi à appliquer une bonne partie de son programme. Mais il n’a pas accédé au second tour des présidentielles en 2002.

Cela veut-il dire qu’un bon gouvernant (= chef d’équipe), fait un mauvais candidat (= chef de bande) ? Ou réciproquement ? Voyons le bilan des dirigeants de la Vème république :
De Gaulle– De Gaulle avait refusé de jouer au candidat en 1965 ; c’est contraint et forcé qu’il s’est plié au second tour à ce jeu méprisable pour lui. Mais il a pris le pouvoir en 1958 comme un chef de bande !
– Pompidou avait quitté le pouvoir un an avant d’être le candidat gagnant d’une élection d’où la gauche était absente : pas très probant !
– Giscard fut une remarquable candidat gagnant en 1974, et pas si mauvais que cela en 1981 : il a perdu de justesse avec « l’aide » de son ex Premier ministre.
Mitterand– Mitterand n’a été un bon candidat qu’à la longue… Plutôt mauvais en 1974, alors qu’il fut un remarquable de bâtisseur de parti. Meilleur en 1981. Excellent candidat en 1988 alors qu’il n’avait plus gouverné pendant les deux ans de la cohabitation.
– Chirac a été un excellent candidat, aussi bien en 1995 qu’en 2002. Mais son bilan de président est, de l’avis général, plutôt faible.

Nicolas Sarkozy chante la Marseillaise .Alors Sarkozy ?
Tout le monde convient qu’il fut un excellent candidat…

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