J’ai fini Les Bienveillantes hier après midi.
Je voulais absolument le finir pendant ce séjour à Kerkalou. Ici, je peux lire au calme, sans bruit ambiant, deux ou trois heures sans être interrompu. Je voulais aussi le finir pour m’en débarasser, d’une certaine façon. Vivre en compagnie d’un officier SS passablement dérangé n’est pas de tout repos. En interrompant ma lecture pour vaquer à des occupations plus quotidiennes, je le gardais toujours en mémoire. S’il pleuvait dehors et en même temps dans le livre, je ne savais plus si j’étais en Bretagne ou en Ukraine. Heureusement qu’ici, il ne neige pas comme en Russie…
En outre, Jonathan Littell a un vrai talent de narration, faisant passer facilement des descriptions souvent fouillées et ardues de la bureaucratie nazie. Il éclaire parfois les pires épisodes avec des descriptions de pure poésie. Ou bien il plonge dans les méandres d’une pensée ou de sentiments complètement dérangés et dérangeants, en adoptant un style sans construction classique. Bref, c’est très prenant !
La fin peut paraître un peu exagérée. Cela peut se défendre. D’une part, parce que cela se passe au moment où les troupes soviétiques envahissent Berlin, en plein effondrement du régime nazi : ce qui s’est passé à ce moment là relève de l’extrême. D’autre part, ce livre est écrit sous l’égide d’Eschyle et de la tragédie grecque : tout doit disparaître ou presque dans une apocalypse générale.
Après avoir lu un livre de cet envergure, j’ai du mal à enchaîner avec un autre. Je lis donc la série de BD de Jean-Yves Ferri et Manu Larcenet Le retour à la terre. Très drôle et sans prise de tête, pour le moment ….