« Est-il un homme d’honneur ? » Pierre Mendès-France avait coutume de poser cette question à ses collaborateurs quand il allait recevoir un visiteur qu’il ne connaissait pas bien (voir l’excellent billet de Favilla dans Les Echos). Et si c’était la question à se poser, pour décider pour qui voter pour les Présidentielles ? Homme d’honneur ou femme d’honneur, bien sûr, il n’y a aucune exclusion sexiste dans cette interrogation.
Les medias vont célébrer aujourd’hui et dans les jours qui viennent cet homme d’honneur que représente l’Abbé Pierre. Parfait. Mais qui pourrait répondre à cette définition parmi les présidentiables ?
A l’évidence, pas Le Pen. il essaie de se revêtir de la respectabilité de notables comme ceux incarnés par Gabin à la fin de sa carrière cinématographique. Outre ses idées odieuses, son comportement passé, ses déclarations présentes et ses fréquentations souvent douteuses ne répondent en aucun cas à cette définition.
Sarkozy ? Il a changé ,dit-il. Pour se débarasser de l’image de traître à ses mentors ou d’agité des medias, pour rompre avec sa fonction de chef de meute dans laquelle il a excellé jusqu’à présent, il chuchote comme celui qui parle à l’oreille de son cheval. Fait-il cela pour racheter un honneur perdu dans sa conquête forcenée du pouvoir ?
Ségolène ? Oui, elle pourrait être une femme d’honneur. Je ne vois rien jusqu’à présent qui puisse franchement la discréditer de ce point de vue. Mais c’est d’un honneur d’institutrice revêche ; ou un honneur de belle femme de magazine. Un honneur qui ne s’appuie que sur des idées vagues et des convictions floues, est-il vraiment un honneur ?
François Bayrou ? Et si c’était lui ! Ce matin sur France Inter, ces propos me semblaient honorables, au meilleur sens du terme. Evitant au maximum démagogie et pathos. Réaliste. N’affichant pas une fausse proximité des « exclus ». Mais rapportant leurs problèmes avec une certaine authenticité.
Durant ce début de campagne, les principaux candidats citent les grands hommes politiques du 20ème siècle : Jaurès (il va devenir le plus consensuel, bientôt !), Clemenceau, De Gaulle, Mitterand… et même Chirac et Chaban ! Personne n’a évoqué Mendès France, dont le centenaire de la naissance a été célébré avec une trop grande discrétion, y compris dans sa famille politique. Le seul à l’avoir évoqué, c’est François Bayrou.
Rien que pour cela, j’ai envie de voter pour lui !