La polémique actuelle sur les écrits et déclarations de Pascal Sevran tourne essentiellement autour de son racisme réel ou supposé. Il s’en défend vigoureusement. La lecture, telle qu’elle est rapportée dans les medias, a effectivement de quoi choquer quiconque réprouve les propos racistes.
Mais, ce qui me frappe davantage dans cette histoire, c’est le dérapage des mots et les sous entendus qu’ils contiennent. Sur le fond, Sevran ne dit que des choses assez banales, discutables peut-être, mais, somme toute, peu contestables. En termes plus policés, on peut traduire ses propos de la façon suivante : la croissance démographique est une lourde contrainte pour le développement de l’Afrique (ils signent leurs crimes en copulant à tout va, la mort est au bout de leurs bites), les Africains doivent instaurer un véritable contrôle des naissances (ll faudrait stériliser la moitié de la planète). D’ailleurs, dans ses plus récentes déclarations, Sevran lui même reprend des termes analogues. Qui l’aurait traité de raciste, s’il s’était exprimé comme ça ?
Mais, s’il s’était exprimé comme ça, personne n’aurait fait attention à lui. L’existence médiatique se paie par des propos qui tranchent, souvent par l’utilisation de termes (ou de dessins) caricaturaux, outrés, sinon grossiers ou obcènes pour certains. Mr Sevran aime user d’un langage rude, en dehors de son émission télévisée où la gentillesse a la couleur de la guimauve. Il compense, peut-être.
Il mentionne la bite des noirs, ce qui représente certainement un fantasme pour lui (et pas que pour lui, d’ailleurs). Il parle de stérilisation, lui qui n’aura pas d’enfant. Comme s’il avait besoin de couper court à toute discussion, les mots qu’il emploie renvoient simplement à ce qu’il est, un homosexuel qui se veut assumé et donc péremptoire. A-t-il oublié que la péremption a une date au-delà de laquelle l’article n’est plus utilisable ?
En s’exprimant ainsi, Pascal Sevran énonce effectivement des idées qui ne sont plus utilisables, sauf pour faire le lit d’une pauvre polémique et d’indignations… stériles, elles aussi ! Il rejoint dans l’opprobe Georges Frêche. En regardant l’émission Arrêt sur images dimanche dernier, on se dit que cette proximité n’est guère enviable.
Quand ce sont des rappeurs qui s’expriment de façon très agressive, un député UMP veut les mettre hors-la-loi. Pour Pascal Sevran, c’est le Conseil représentatif des associations noires qui porte plainte. Match nul ?
Pourtant, les beaux mots sont vraiment porteurs. J’écoute toujours le CD d’Abd Al Malik. Je l’écoute aussi s’exprimer sur les ondes. Quelle artiste des mots ! Il ne se prête à aucune provocation. Il est juste, précis et poète en même temps.
Une suggestion ? Et si Pascal Sevran invitait Abd Al Malik dans son émission dominicale Chante la vie… Faudrait-il encore que ce dernier accepte !